Les balades avec son
chien, ça s'organise bien avant de sortir!
« ...Notre chien est intenable en sortie ! Même lui mettre son
collier est devenu une calamité, il aboie, saute, tire jusqu’à
la grille et manque nous faire tomber !... Imaginez une fois
dehors ! ...»
Partir en promenade avec son chien, peut être un moment très
plaisant pour beaucoup de personnes, mais un moment parfois
difficile voire redouté par certains, incapables de mieux contrôler leur animal dans tous leurs déplacements, à la
campagne, en forêt, dans la rue, les magasins, au restaurant…
Qu’est-ce qui fait le bonheur des uns (la majorité dans
l’ensemble) et presque le cauchemar des autres ? Examinons
quelques pistes pour comprendre et remédier.
Sortir en balade commence avant d’être à l’extérieur !
Nombre de propriétaires de chiens ont tendance à considérer le
début de la promenade dès l’instant où ils franchissent la porte
de l’appartement ou la maison.
Or, la gestion de la sortie s’organise dès l’instant où elle
celle-ci se dessine.
Dès l’acquisition d’un chiot, les préparatifs inaugurant ses
premières promenades ont été (ou seront) les modèles de
déroulements de toutes les sorties futures.
Au contraire de l’humain qui distingue les deux situations, le
milieu extérieur et le foyer dans lequel il vit, sont pour le
chien une même continuité (les relations et la manière dont
elles sont organisées à l’intérieur, influencent grandement la
facilité ou la difficulté d’une balade).
Les consultations pour problèmes rencontrés en promenade
montrent toujours une mauvaise organisation des relations, et
celles pour difficultés à l’intérieur sont souvent associées à
des balades difficilement gérables.
Avec un chiot
Afin de ne pas avoir d’interminables sauts et/ou aboiements du
chiot en direction de son collier ou de sa laisse quand il aura
grandi, il est bon de s’accroupir afin de lui présenter avec
bienveillance et neutralité, les objets annonciateurs de la
sortie qu’il adore. Et cela surtout sans initier et/ou nourrir
l’état d’excitation du petit animal, en le sollicitant trop avec
des questions du genre : « Alors, on y va ? », « on va se
promener ?» etc...
S’il est proposé au jeune chiot de sauter, aboyer, jouer avec la
laisse et courir en tous sens, il aura tôt fait de se replonger
dans cet état émotionnel devant le moindre signe rattaché à une
sortie « possible ». Une initiation calme et apaisante de la
promenade est donc à privilégier !
Avec un adulte
Pour un chien adulte qui a déjà la « mauvaise habitude » de
s’agiter comme un fou dès le moindre mouvement annonciateur de
sortie, il y aura lieu d’adopter la plus grande neutralité et
rester de marbre sans mot ni geste devant ses agitations, pour
ne sortir qu’une fois le chien calmé. L’aide du
comportementaliste Caniconsultant sera utile
pour réorganiser ces moments clés avec les chiens les plus
excités, et qui débordent leurs propriétaires
avec sauts et aboiements démesurés
(A noter que tous les « assis ! » et « pas bouger ! » hurlés en
ces circonstances, ne sont pas productifs puisqu’ils ne font que
retarder le moment où le même scénario « sportif » se
réenclenchera, lors de la prochaine annonce de sortie).
A retenir qu’il ne suffit donc pas de vouloir « faire obéir » ou
« corriger » un chien à l’extérieur, pour que ce moment qui
n’était jusque là qu’énervements et contraintes avant de sortir,
puisse devenir plaisir et détente.
C’est une bonne organisation/gestion des interactions avec le
chien au sein de la famille, qui est en mesure de voir évoluer
considérablement le déroulement des sorties.
Plus sécurisé par de meilleurs échanges au sein de la structure
sociale dans laquelle il vit, le chien est aussi plus confiant
(et plus disponible pour les apprentissages) dans sa
confrontation avec le monde extérieur.
Une fois dehors
Dès son plus jeune âge, de multiples facteurs peuvent retentir
de façon défavorable sur l’équilibre psychique et comportemental
d’un chien, pouvant l’amener à ne pas être en balade le
compagnon équilibré et confiant dont on rêve.
Avoir un chien bien sociable avec ses congénères et les êtres
humains, sans peur excessive ni surexcitabilité vis-à-vis d’un
environnement de nature ou urbain, est une promesse qui ne doit
rien au hasard.
Pour réunir
toutes les chances
-
Éviter
l’achat d’un chiot dans un élevage où l’isolement en boxe ou
chenil ne le prépare pas à être bien sociable, ni avec ses
congénères ni avec les humains. (Ajoutons que l'achat en
animalerie donne rarement d’indication vérifiable des bonnes
conditions d'élevage). Toute nouveauté fait peur, et si un
chiot n’a pas été très tôt suffisamment familiarisé aux « 2 et
4 pattes », il peut les craindre à l’âge adulte
-
S’informer
du possible retrait prématuré des chiots d’une portée à
l’élevage. La mère n’a alors pas le temps d’initier ses petits
aux codes sociaux (de salutation, dominance, soumission) qui
régissent les échanges entre chiens, les conduisant plus tard
à mal communiquer avec leurs congénères rencontrés en balade
-
Poursuivre
la socialisation du chiot (entamée à l’élevage) et ce dès son
acquisition, avec des sorties (même avant ses derniers
vaccins) en zone urbaine ou de nature pour des rencontres
multiples et variées
-
Éviter les
expériences traumatisantes d’un chiot en promenade, de sa 7è à
sa 14è semaine (et même au-delà pour certaines races à la
maturité tardive). Un chiot doit faire toute nouvelle
expérience ou rencontre de manière ludique et positive, car ce
qui est vécu très tôt comme néfaste, laisse des traces parfois
toute la vie
-
Prendre
l’aide d’un Caniconsultant si l’on a vécu soi-même une
expérience traumatisante avec un précédent chien. On néglige
trop souvent l’impact de l’état émotionnel du propriétaire sur son
chien, qu’il « contamine » avec ses propres peurs
A éviter :
la solution la plus facile de ne plus promener son chien est
parfois choisie par certaines personnes, les libérant ainsi du
désagrément des sorties difficiles. Mais au même moment, est
réduite la bonne socialisation de l’animal, et sont freinées
encore un peu plus ses possibilités individuelles de se
confronter paisiblement au monde extérieur.
En conclusion :
tout se prévoit et s’organise depuis le plus jeune âge de
l’animal, et sortir avec son chien n’est pas seulement une
question de dressage comme il est souvent avancé...
Danièle Mirat -
Caniconsultante
Texte co-rédigé
avec
Michel Quertainmont - Caniconsultant - et publié dans le
magazine "Chien Mag" N° 8
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