Bébé arrive... problème,
nous avons un chien
Lorsque
s’annonce l’arrivée d’un bébé, se pose inévitablement la
question de la cohabitation avec le chien qui depuis plus ou
moins longtemps, est déjà le compagnon du couple. Cette
interrogation surgit d’ailleurs trop souvent peu avant
l’accouchement de la maman. Or il ne faut pas attendre que
s’annonce bébé le mois prochain, pour se consacrer aux questions
de la future bonne gestion du quotidien avec le chien et le
nouveau-né.
La recherche
d’une bonne cohabitation à l’arrivée de bébé est donc
principalement une démarche d’anticipation préventive et
régulatrice.
A la fin de la
grossesse, tant de préparatifs du prochain accueil de bébé vont
fortement accaparer les heureux futurs parents ! Mieux vaut donc
s’assurer au plus tôt de tout ce qui peut faciliter cette
nouvelle cohabitation, inévitablement différente.
Le chien va être
appelé à s’adapter à une nouvelle situation face aux
changements, même précoces, dans sa vie de tous les jours : la
présence permanente de la maman, ou son absence pour raisons
médicales, l’aménagement d’une chambre doublé de l’interdiction
d’y entrer par exemple...
Globalement, une
moindre disponibilité et des changements d’habitudes du couple,
font de l’arrivée du petit bébé vers qui tous les regards et
toutes les attentions vont se porter, un moment intense en
émotions pour tout le monde y compris pour le chien.
Ces premières
pertes des repères de son quotidien peuvent déstabiliser
l’animal sans que cela soit perçu comme tel. La survenue d’un
bébé n’est pas rien dans la vie d’un chien, et c’est la qualité
des relations de l’animal avec ses propriétaires, qui vont
influencer son apaisement devant cette soudaine (et bien
souvent) inquiétante nouveauté.
Initier la tranquillité du
chien
L’aspect le plus
important de cette modification de l’environnement est
probablement celui des échanges avec le chien. Si celui-ci a eu
l’habitude de recevoir réponse à toutes ses demandes de
caresses, jeux ou sorties, il peut vivre assez mal de n’être
plus le seul centre d’intérêt de ses propriétaires.
Il sera bon de
réorganiser très tôt le fait d’être uniquement à l’initiative
des interactions avec l’animal. Cela ne veut pas dire de
repousser le chien qui s’immisce comme d’habitude dans les
activités de ses propriétaires, avec sa balle pour jouer ou sa laisse
pour sortir. Plus simplement il s’agit de ne pas répondre (et
surtout pas avec un « non ! » qui ne serait rien d’autre qu’une
réponse !) et de se détourner, pour initier soi-même divers
échanges à des moments de disponibilité.
L’animal devient
ainsi plus tranquille car moins dans la quête incessante
d’attention. Il devient plus attentif, spontané et sensible à ce
que l’on a à lui proposer.
Bref, plus le
chien du couple est paisible dans une organisation claire de la
cohabitation, plus il va vivre positivement l’arrivée du nouveau
venu.
A la naissance,
les allées et venues de l’heureux papa seront une occasion pour
le chien de percevoir sur lui (ses mains, ses vêtements, etc.) les premiers éléments (au moins
olfactifs), de la nouvelle petite personne qu’il va bientôt
rencontrer. C’est un moment idéal pour lui proposer caresses et
contacts amicaux dans le calme, pendant lesquels il va pouvoir
flairer sans retenue (ne surtout pas l’empêcher de le faire !)
ces odeurs jusqu’à présent inconnues.
Inutile d’aller
jusqu’à lui rapporter et présenter des couches souillées, ni des
vêtements portés d’ailleurs. Non pas que ces traces olfactives
soient inutiles mais la présentation, parfois même un peu mise
en scène, va augmenter chez lui les tensions. Or il aura vite
fait d’associer ces nouvelles odeurs à un état d’excitation,
qu’il reproduira dès qu’il y sera à nouveau confronté… alors
même que la recherche doit être celle d’un apaisement mutuel.
Bébé arrive
Grand moment que
celui de l’arrivée de bébé à la maison et donc de la rencontre.
Inutile d’organiser une « présentation » pour les raisons déjà
citées, et dès les premiers pleurs et cris du nourrisson, le
chien peut manifester son inquiétude, devant laquelle il
conviendra d’observer la plus grande neutralité. Banaliser tous
ces premiers instants est le meilleur moyen pour que tout se
passe le plus calmement possible.
Les activités
autour du petit sont toutes consacrées à l’alimentation, aux
soins, au repos et à l’échange dans diverses pièces de
l’habitation (salle de bain, chambre, salon, cuisine) dont il
faudra gérer l’accès. Portes ou simples barrières devront juste
servir à ce que le toutou ne soit pas en permanence de toutes
les activités de la famille, pour initier un peu plus tard des moments de
partage en sa présence.
Les couches
souillées et les repas de bébé sont autant de sollicitations
olfactives pour le chien, qui peut même y percevoir des éléments
appétants. Pas étonnant qu’il s’y intéresse de près ! Si c’est le
cas, il ne faudra pas vouloir « contrer » son envie de s’en
approcher, et en fonction de la situation, c’est-à-dire avec ou
sans bébé, il suffira de gérer la distance, afin de lui
permettre d’accéder à ces odeurs mais sans se laisser envahir.
Et faut-il le
rappeler ? Le chien ne devra jamais être laissé seul
avec le tout petit, et ce même si l’on s’assure d’avoir un œil sur
la situation.
Mieux vaut une
gestion bienveillante et constante qu’une gestion désordonnée et
excessive.
Mise en garde
Prévention et
sécurisation du quotidien doivent être les préoccupations
principales des futurs parents, et pour être bien menées elles
doivent être mises en œuvre préalablement à la naissance, si
nécessaire avec l’aide d’un(e) Caniconsultant(e).
Même devant le
plus amical des chiens, l’arrivée d’un bébé peut être source de
difficultés., et la race ou le type de chien ne sont pas un
indicateur de sa tolérance ou de sa facilité à cohabiter avec un
nourrisson.
A prévoir
Bébé va grandir et gagner en autonomie. La marche à quatre pattes peut être
déroutante pour le chien, et les premiers pas hésitants et
maladroits peuvent être dangereux à cause des écarts et chutes
possibles. Si le chien ne peut disposer d’un espace de fuite ou
s’il ressent une douleur (ex : bébé qui tombe sur lui) il ne
pourrait utiliser que la morsure pour se soustraire à ce qui
l’inquiète, le dérange ou lui a fait mal. Ces diverses
situations seront spécialement aussi à anticiper.
Danièle Mirat - Caniconsultante
Texte co-rédigé avec
Michel Quertainmont
- Caniconsultant - et publié dans le magazine "Chien Mag" N° 6
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