Quelles conditions
d'élevage pour faire acquisition d'un chiot équilibré
Aujourd’hui, l’activité de vente de chiots étant
étendue non pas seulement aux éleveurs professionnels mais
également aux particuliers (dans la limite d’une portée
annuelle) ou aux animaleries, il est capital de déterminer les
éléments qui sont à prendre en compte pour faire l’acquisition
responsable, d’un chiot bien né et dont il aura été pris soin.
Il sera aisé de collecter ces éléments directement
auprès d’éleveurs professionnels ou occasionnels, mais il sera
bien difficile de les réunir dans le cas d’un achat en
animalerie (l’origine des chiots n’étant pas souvent avancée).
La précipitation à acquérir un chiot est toujours
mauvaise conseillère et embarquent souvent dans l’achat d’un
petit animal qui se révèlera vite difficile à gérer, ou même
malade, sans que l’on s’en soit douté.
Premières précautions
S’informer des bonnes conditions d'hygiène de
l'élevage et s’inquiéter de l'état de santé des parents d’un
chiot (absence de tare génétique, ex : la dysplasie) est
primordial mais n’est pas tout, car l’équilibre émotionnel du
petit animal est aussi un critère de santé, dont il faut
particulièrement se préoccuper.
La qualité du vécu prénatal influe sur le
comportement du chiot qui naîtra, le bien être ou au contraire,
le mal être psychique de la génitrice, faisant toute la
différence.
Quand il n’est pas offert une gestation paisible
et confortable à une femelle, les chiots « baignent » dans la
gamme des émotions négatives des chocs et du stress vécus par
leur mère. C’est déjà une certaine sensibilité qui s’acquiert
là, in utero. Des conditions de vie paisibles sont donc à
privilégier pour la reproductrice.
Un petit qui se construit est influencé par le
milieu dans lequel il se développe et par les individus qui le
peuplent. Le tout est source intarissable de stimulations pour
le chiot, et une carence ou au contraire un excès en ce domaine,
serait annonciateur de difficultés futures pour l’adaptation et
l’intégration du petit animal, dans la famille et la société.
Inné et acquis
Tout chiot est d’abord l’expression de son
patrimoine génétique. Cependant, cette « promesse » génétique ne
se réalisera pour donner un animal apte à vivre en société, que
si toutes les conditions sont réunies pour favoriser son bon
développement physiologique, mais aussi psychique et
comportemental.
Le
chiot fait l’acquisition de mécanismes adaptatifs à son
environnement en général (c. à d. à tous milieux de vie urbaine
ou rurale et des êtres vivants qui les peuplent) par la richesse
et la qualité de ses expériences très précoces.
La stabilité émotionnelle du chiot commence à se
forger déjà in utero, et liée ensuite au comportement
exploratoire, elle continue essentiellement de s’installer entre
sa 3è et sa 8è semaine, si le petit animal sécurisé par la
proximité de sa mère et sa fratrie, peut rencontrer un monde
diversifié.
C’est durant cette période de forte attraction
sociale, qu’un univers varié et stimulant lui permet de
découvrir et se familiariser avec des formes, des matières et
des couleurs, des sons et des odeurs. Il peut apprendre à
aborder les objets, à exercer sa motricité et devenir de plus en
plus confiant et assuré.
Enrichi d’expériences multiples, le chiot est
ainsi préparé pour plus tard, à des réactions pondérées devant
toute nouveauté.
Parallèlement, il doit apprendre à interagir avec les êtres
vivants (d’abord ses congénères) et doit pour cela être laissé
absolument au minimum 8 pleines semaines, avec sa mère et sa
fratrie.
Ce
sont les interactions avec les siens qui lui permettent de
structurer des comportements sociaux pour le préparer à une
future vie collective avec humains et congénères.
L’apprentissage de la ritualisation des contacts entre chiens se
fait là, et les mécanismes de l’autocontrôle et de l’inhibition
de la morsure se mettent en place. Le chiot apprend le
contrôle et l’interruption de tout comportement, mouvements,
morsures, au cours des jeux de combats.
Privé de ces acquisitions précoces, un chiot risque de devenir
un animal «tornade» (qualifié d’ingérable par ceux qui en ont
fait les frais !) avec ses propres congénères et les humains.
De plus, de quotidiennes manipulations douces et
attentives du chiot par les éleveurs, l’habituent à considérer
l’humain comme espèce amie. Le maximum de profils masculins et
féminins, adultes et enfants sont à lui faire rencontrer, si
possible en admettant un peu la fratrie dans l’habitat.
Familiarisé aux bruits et odeurs d’un intérieur
d’humains, à leurs gestuelles, voix et contacts, le chiot est
mieux armé pour la vie en famille et préparé à aborder tout
nouveau contexte, sans stress majeur.
Rencontrer les éleveurs
Toutes ces bonnes conditions de développement
précoce et de socialisation des chiots sont donc à privilégier
pour une prochaine acquisition, et d’évidence l’élevage en
chenils et boxes isolés (donc pauvre en stimulations) ne
favorisera pas leur plein épanouissement sensoriel et
émotionnel.
Beaucoup de questions sont donc à poser à
l’éleveur et une visite des lieux est conseillée. Tout
professionnel consciencieux autorise à voir ses locaux et
conditions d’élevage, en prenant le soin d’imposer quelques
élémentaires mesures restrictives, d’hygiène et de tranquillité
de ses chiens. Une femelle peut parfois être très soucieuse de
la sécurité de ses petits et se monter peu « aimable », il n’est
donc pas utile de la soumettre à ce stress. La reproductrice et
les chiots pouvant alors être vus séparément.
Se hâter
d’acquérir un chiot, sans mesurer avec sérieux la qualité de ses
conditions de vie précoce, n’a jamais été source de bienfaits
pour les nouveaux propriétaires, moins encore pour le petit animal
carencé dans son développement.
Il n’est pas inhabituel, et il est même
recommandé, de mener plusieurs mois de recherches pour trouver
réunis tous les éléments d’élevage favorables à l’adoption de
son futur petit compagnon.
Le bon chiot (enfin sélectionné dans le « bon »
élevage) est prêt pour plus d’une décennie de vie avec ses
propriétaires, et tous ces soins pour le trouver, loin d’être
superflus, donneront l’assurance d’avoir un chiot équilibré
auquel il restera à offrir des conditions de vie respectueuses
de ses besoins, pour que se capitalisent tous les efforts
déployés jusque là par l’éleveur.
Danièle
Mirat - Caniconsultante
Texte co-rédigé
avec Michel Quertainmont - Caniconsultant - et publié dans le
magazine "Chien Mag" N° 11
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