Patience et indulgence
face à son vieil âge
Pour un chien comme pour nous, le processus de vieillissement,
normal et incontournable pour tout être vivant, s’étend et
progresse sur une période plus ou moins longue de la vie. Pour
certains, peu de signes extérieurs font prendre la mesure de
leur âge qui avance, pour d’autres par contre, les indices de
leur maturité nous sont plus évidents.
Torgal dalmatien de 8 ans est toujours aussi splendide et
joueur, il saute dans la voiture et dévale les escaliers comme
s’il n’avait pas changé. Vick, berger allemand du même âge,
montre des signes bien différents. La face un peu blanchie, il
n’est plus aussi vif même s’il participe encore volontiers aux
jeux. Il attend devant l’escalier, gémit et marque un temps
d’arrêt quand on l’invite à sauter dans la voiture, ce qu’à nos
yeux pourtant, il semble encore faire facilement.
Devant le vieillissement nos chiens sont inégaux, en fonction de
leur taille, leur race, leur mode de vie, leur alimentation et
leur environnement.
On observe qu’un grand chien entre dans le 3ème âge
après ses 7 ans (son espérance moyenne de vie étant de 10 à 12
ans) tandis qu’un chien de petite race peut vivre bien plus
longtemps (15/18 ans), sa vieillesse ne débutant que vers les 10
ans.
Attention à certains signes
Graduellement moins beau, moins actif, moins présent, le
chien âgé est plus fragile qu’un jeune adulte. Il doit
être l’objet d’observations et d’attentions toutes
particulières, car le vieillissement gagne petit à petit
les appareils digestif, urinaire, cardio-vasculaire et
respiratoire, les systèmes nerveux, locomoteur et
reproducteur.
C’est ainsi que lentement l’animal peut en venir à
souffrir dans sa locomotion, s’essouffler, mal entendre,
mal voir ou mal se contenir (plusieurs de ces déficiences
finissant souvent par s’ajouter !).
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Le cerveau, organe de traitement des informations et de
commande, est aussi concerné par le vieillissement. Son
inévitable dégénérescence entraîne et accompagne progressivement
nombre d’altérations organiques, mais aussi des troubles de
l’humeur et du comportement.
Résultat, la vitalité du chien est diminuée et il peut être
moins prompt à répondre à nos sollicitations pour les promenades
et les jeux, ou à nos demandes ponctuelles d’effort physique,
comme évoqué plus haut, avec Torgal et Vick.
Regarder son chien vivre et se déplacer, le palper, noter tout
changement de comportement pour reconnaître ses déficiences
progressives, aide à vite déceler l’apparition d’une maladie
liée au vieillissement pour laquelle le vétérinaire devra être
consulté. Sans pouvoir rajeunir l’animal, ce praticien peut
retarder ou parfois éviter une maladie inhérente à « l’âge mûr »
et le plus souvent assurer au chien une meilleure qualité de fin
de vie.
L’aider à vivre mieux son 3ème âge
Toutes les médecines actuelles, y compris l’homéopathie, la
phytothérapie, l’acupuncture, l’ostéopathie, peuvent aider à une
activation des fonctions vitales ralenties par la vieillesse,
une récupération fonctionnelle du tissu nerveux, un soulagement
dans les affections inflammatoires des articulations ou des
bronches, une amélioration de la fonction cardiaque, du tube
digestif, du foie, et des reins, etc.
Le régime alimentaire peut être progressivement adapté,
supplémenté, et la prise de nourriture fractionnée pour
faciliter l’assimilation.
Au niveau de la gestion du quotidien, il est bon de garder
les habitudes du chien vieillissant, tout en les aménageant
un peu. La routine est rassurante pour lui et la rupture avec
ses repères journaliers est capable de le désorienter et le
stresser facilement. Par exemple, une mise en pension peut être
très mal vécue, même chose pour un déménagement ou l’absence
ponctuelle d’un membre de la famille.
Pour un vieil animal, l’allongement du temps de repos et de
sommeil est normal et ne devra donc pas être une inquiétude.
Mais on peut lui aménager une place de repos plus moelleuse
(hors courant d’air) et plus au calme (mais sans le
reléguer !) car tout en gardant le contact avec la vie de
famille, le chien pourra bénéficier de repos plus réparateurs et
s’économiser.
Attention tout particulièrement à le protéger de l’agitation
des enfants, qui perçoivent mal et ne comprennent pas bien
les changements de comportement de l’animal. Selon leur âge, il
est bon de leur apprendre qu’un chien de 14 ans n’est pas un
adolescent mais un senior. Que l’on doit respecter sa fatigue et
ses déficiences liées au vieil âge et qu’il faut l’aborder et
jouer avec lui sans brutalité et faire des caresses moins
appuyées et moins prolongées à cause de sa plus grande
sensibilité.
La turbulence des jeunes humains est moins bien vécue par un
animal devenu moins tolérant, simplement parce qu’il souffre des
maux divers de la vieillesse (ex : une arthrose douloureuse
ou/et une surdité et une vision altérée qui ne lui permettent
plus d'anticiper les approches) et
donc il craint les bousculades, d’où parfois des grognements et même des
coups de crocs d’un compagnon qui jusque là était pourtant si
gentil et patient.
Côté balades, il s’impose de les adapter progressivement à ses
possibles limitations locomotrices ou cardio-respiratoires par
exemple, et d’en réduire un peu la durée, mais surtout pas le
nombre au contraire. Les parcours plus plats sont à
privilégier et gare aux conditions climatiques extrêmes (froides
ou très chaudes) qui surmènent spécialement les organismes
fragilisés.
Un nouveau compagnon pour lui ?
Il vaut mieux s’abstenir d’amener « dans les pattes » d’un
senior fatigué, un chiot turbulent par nature, qui risque de le
bousculer et l’épuiser avec sa vitalité débordante et ses
mordillements.
Mais si l’on introduit un jeune animal dans le groupe familial
quand le senior est encore bien actif, alors cela peut être
bénéfique pour les deux.
Petit rappel
L’animal avançant en âge et qui se fait plus lent, hésitant,
montrant des réticences à vos propositions d’effort physique,
« s’oubliant » parfois ou de plus en plus régulièrement dans
l’habitat, n’est pas un désobéissant.
Il conviendra de ne pas l’accabler parce qu’il vieillit et de
ne pas le bousculer pour qu’il avance plus vite lors des
balades ou de ne surtout pas lui réduire son eau pour qu’il
n’urine pas partout !
Toutes ces défaillances doivent appeler notre indulgence et
notre patience, pour un animal qui a su tant nous ravir quand il
était encore plein de vitalité… il n’y a pas si longtemps !
Danièle
Mirat - Caniconsultante
Texte co-rédigé
avec
Michel Quertainmont - Caniconsultant - et publié dans le
magazine "Chien Mag" N° 9
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