Qu'auriez-vous pensé de ces
sujets à propos de vos molosses ?
1)
Un molosse qui
veut chevaucher (grimper) tout le monde n’est pas un obsédé
2) Un molosse
obéit pour faire plaisir à son maître
3) Molosse à
problème = faute des maîtres
4) Un molosse
doit impérativement manger dans le calme
1) Un molosse qui veut chevaucher
(grimper) tout le monde n’est pas un obsédé
Vrai
Les canidés
sont actifs sexuellement quand ils sont motivés par l’instinct
de reproduction et seulement aux 2 périodes annuelles de
chaleurs des femelles. Les mâles sont alors fortement stimulés
par les odeurs particulières qu’elles dégagent. La recherche
mutuelle d’accouplement est alors légitime et commandée pour la
survie de l’espèce.
En dehors
des périodes d’œstrus des femelles, on observe souvent chez les
canidés ces chevauchements qui ont alors valeur sociale.
Les chiots
s’exercent très jeunes et bien avant leur maturité sexuelle
(preuve s’il en faut qu’il s’agit d’un comportement social) à
des chevauchements accompagnés de mouvements pelviens sur les
membres de leur fratrie.
Le molosse
pubère ou adulte qui a tendance à vouloir chevaucher ses
congénères (mâles ou femelles), les humains petits ou grands et
pourquoi pas le chat ! ne « parle » donc pas sexuel mais social.
Nullement « obsédé de la chose » ou « homosexuel » il mime
l’accouplement sans que l’enjeu de ce comportement soit la
sexualité, mais bien une volonté d’asseoir son autorité sur
l’autre.
Tout
congénère qui ne serait pas d’accord pour se laisser imposer
cette supériorité sait toujours le faire savoir à l’effronté,
mais s’il (ou elle) laisse faire, c’est alors qu’il (ou elle)
accepte ce pouvoir de l’autre. Entre eux au moins, le message
est clair ! mais il l’est moins avec les humains qui
interprètent faussement ce message comme sexuel, en y opposant
généralement une réponse inappropriée, vu que le message a été
mal perçu.
Parce que
ces conduites sont donc éléments de communication sociale, pour
les voir s’atténuer et disparaître, le Caniconsultant aidera
à réorganiser l’ensemble des rapports entretenus avec le chien,
sans qu’il soit question de dressage ou médicalisation de
l’animal en ces circonstances.
2) Un molosse obéit pour faire
plaisir à son maître
Faux
Si un chien
obéit pour faire plaisir à son maître, alors lui désobéit-il
pour « l’embêter » ?
La réalité
canine est sans doute un peu autre, et le molosse n’obéit pas
exactement pour faire plaisir à son maître, mais plutôt pour le
plaisir que lui procure un maître très reconnaissant et
gratifiant, quand il est lui-même satisfait.
De même, le
molosse ne désobéit pas pour « embêter » son maître, mais plutôt
parce que celui-ci n’aura pas su assez le motiver, en lui
montrant qu’il pouvait être agréable de lui être attentif !
Le chien
apprend par l’association d’évènements/actions et de ressentis
(plaisir ou désagrément) qui les accompagnent.
S’il a
retiré du plaisir dans une action, le chien renouvellera
facilement l’expérience, surtout si la satisfaction est chaque
fois à la clé... joie et coopération animent alors l’animal
(appelons cela obéissance si vous y tenez !)
A l’inverse
s’il retire du désagrément, le chien va légitimement négliger,
éviter ou même résister devant ce qui lui aura déjà été
déplaisant, et la crainte, voire peut-être même l’agressivité
peuvent alors le soulever.
A retenir
donc : situation vécue par le molosse = sensation agréable ou
désagréable. Il mémorisera et reproduira facilement les actions
qui lui auront procuré du bien-être et évitera les autres.
Bref un
molosse qui retire du plaisir à ce qu’il fait avec son maître,
suscite la satisfaction de ce denier, qui devient enclin à
chaudement féliciter/gratifier son chien, qui lui-même en retire
beaucoup de plaisir ! et la boucle est bouclée.
En
conclusion, soyons facilitateurs et gratifiants quand notre
chien fait ce que nous attendons de lui (même si c'est une
"petite chose")
3)
Molosse à problème = faute des
maîtres
Faux
D’abord
parce qu’une affirmation aussi abusive (et culpabilisante !) que
celle-ci, n’a d’autre résultat plus pernicieux que de conduire
beaucoup de personnes à abandonner un animal, avec lequel ils ne
sont pas parvenus à cohabiter harmonieusement.
Ensuite,
parce que l’examen minutieux de situations de difficultés avec
un molosse, montre que les propriétaires avec leurs erreurs
éducatives, sont loin d’être seuls responsables des problèmes
qu’ils rencontrent avec leur animal. Des éleveurs, vétérinaires,
dresseurs/éducateurs et Caniconsultants peuvent en avoir
leur part.
1°) Les
conditions de développement précoce du molosse à l’élevage,
comptent beaucoup dans sa future bonne (ou non)
intégration/adaptation à la vie en société. Une médiocre
imprégnation et socialisation aux deux espèces humaine et
canine, ne prépare vraiment pas un petit molosse à une facile
adaptation chez ses futurs maîtres.
2°) La
soigneuse orientation que donne les éleveurs au placement de
leurs chiots, en veillant à la meilleure adéquation entre
attentes de leurs clients et besoins élémentaires de la race
qu’ils élèvent, compte aussi énormément. L’exemple classique des
personnes « craquant » pour un sujet d’une race devenue soudain
très mode, et se retrouvant incapables de satisfaire le grand
besoin d’exercice physique d’un animal choisi uniquement sur son
aspect physique, est très courant. L’animal en question
souffrant de trop d’enfermement, l’exprime alors par nombre de
comportements de destructions, aboiements ou/et agitations, dont
on vient à se demander la cause. Bien mis en garde, voire
dissuadés de porter leur choix sur cette race, aurait peut-être
pu éviter à ses maîtres-là... ces « fautes-là ».
3°) La bonne
réactivité du premier professionnel consulté (éleveur,
vétérinaire, éducateur, toiletteur, etc...) par les
propriétaires en difficultés avec leur molosse, prend également
une large part dans la forme que va prendre la suite des
évènements.
C’est aux
différents professionnels de savoir au mieux ce qui relève
directement des compétences des autres, pour si nécessaire,
rapidement réorienter vers celui qui sera plus à même d’aider le
maître débordé par son chien.
Tous n’ont
pas cette attitude responsable (et courageuse), avec pour
conséquence de conduire à l’aggravation des problèmes, en
voulant s’en charger soi-même sans les réelles compétences.
En
conclusion, rien n’est jamais complètement « faute » de l’un et
jamais des autres, et molosse à problème = sûrement
responsabilités collectives de maîtres et de professionnels
réunis.
4)
Un molosse doit
impérativement manger dans le calme
Vrai
Beaucoup de
molosse de grandes races sont plus que sensibles, voire
prédisposés à la torsion d’estomac.
Quel humain
n’a pas connu des difficultés à bien gérer (on dit : digérer)
ses repas, s’ils sont pris dans des conditions de précipitation,
d’agitation, de contraintes et contrariétés environnantes... ?
Pour les
molosses aussi (dont l’organisme au niveau de l’appareil
digestif semble présenter quelque sensibilité/fragilité
fonctionnelle) la composante émotionnelle est loin d’être
négligeable dans l’activité de s’alimenter.
Minorer les
contraintes et tensions diverses dans le quotidien de l’animal,
est donc l’élémentaire précaution à prendre, principalement
autour de sa prise d’aliment.
Par
prévention, le calme avant et après les repas est aussi
important que nourrir le molosse seul et tranquille dans une
pièce sans va-et-vient autour de lui (attention aux enfants). On
lui laisse sa gamelle (à bonne hauteur) pendant 10 à 12 mn, et
s’il n’a pas tout absorbé on range impérativement les restes
pour les resservir au prochain repas (la nourriture qui traîne
s’altère, même les croquettes)
Avec
plusieurs chiens, il est souvent préférable pour la tranquillité
émotionnelle de chacun, de les nourrir séparément.
A noter pour
les plus sensibles, qu’il n’est rien de plus stressant que des
maîtres qui donnent et retirent « exprès » la gamelle, ou pire
même, mettent les mains dedans pour « montrer qui est le
maître ! ». Avec s’il le faut des brutalités physiques à la clé
si le molosse venait à défendre (en grondant) ce qu’il a
sagement attendu et qu’on vient de lui donner ! Ces conseils
d’autoritarisme d’un autre âge (retenus dans de mauvaises
lectures) et basant les relations sur la crainte et la
contrainte physique sont bien sûr à proscrire.
Le premier
respect que nous devons à un animal, est celui de le nourrir
dans les meilleures conditions pour sa bonne santé émotionnelle
et physiologique, et les contraintes à ce niveau ne font
assurément pas partie de ces meilleures conditions !
Texte publié dans le magazine "Molosses News" n°45
Danièle Mirat - Caniconsultante |