(Opus 2) Questions/réponses des lecteurs,
publiées dans
la revue Atout Chien n° 268
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Bonjour,
Bounty, notre femelle Beauceron de 2 ans est très craintive.
Nous lui avons fait suivre des cours de dressage qui ont un peu
amélioré son comportement, mais elle reste toujours très
méfiante en promenade. Au moindre bruit elle met sa queue entre
ses pattes, les oreilles basses et veut retourner directement à
la maison. On ne peut quasiment pas l'emmener en promenade, sauf
dans les endroits familiers.
Chez nous, elle aboie dès qu'elle entend un bruit inhabituel.
J'aimerais avoir votre avis et vous remercie d’avance.
Sylvie de St Cloud
Bonjour,
Bounty semble n'avoir pas pu bénéficier des meilleures
conditions de développement précoce à l'élevage. Ce que l’on
appelle le "syndrome de privation sensorielle" (qui se
caractérise par de fortes craintes du chien dans ses diverses
confrontations avec son environnement) résulte du trop grand
écart entre un niveau d’hypo- stimulations vécues dans le milieu
d’élevage durant le très jeune âge, et celui du milieu dans
lequel l’animal va vivre.
L’insuffisance prolongée de stimulations sensorielles durant la
période allant de la 2ème à la 7 ou 8ème semaine de vie du
chiot, conduit l’animal à une plus ou moins grande émotivité et
de plus ou moins fortes réactivités. En découleront des
difficultés voire une incapacité d’adaptation, à un
environnement de vie d’humain, et surtout à la ville, milieu de
vie complexe, bruyant et changeant ! « L’ennemi » en quelque
sorte, pour un tel chiot, c’est la nouveauté, et comme trop
d’émotivité et donc trop de stress lui limitent, voire lui
bloquent tout apprentissage, il n’est en conséquence jamais en
« état d’apprendre » un monde vécu comme « toujours nouveau ».
Le dressage du chien n'est véritablement pas la meilleure
réponse à ce type de handicap, car en réalité,
conditionnement (c'est-à-dire dressage) n’est pas synonyme
d’adaptation.
Ce qui peut aider, c'est d’apprendre soi-même à mieux gérer
l'émotionnel d’un tel chien, dans son quotidien ponctué de
frayeurs, sans jamais faire de "forcing".
Au contraire, ce sont des
confrontations mesurées et très progressives aux situations et
déclencheurs de réactions vives, qui petit à petit aideront le
chiot ou le chien à trouver en lui-même
les
ressources d’affronter les objets de ses peurs. Cela devant
s’assortir des attitudes neutres et banalisantes des
propriétaires (qui ainsi ne font pas « événement » et donc
réaction eux aussi) devant toute frayeur de leur animal.
C’est ainsi que pas à pas, un chien est conduit à de moins en
moins réagir jusqu’à ne plus réagir, à quelque chose qui n’est
plus « important ». On parle alors d’habituation, et c’est cette
voie qui est celle de l’ouverture du chien à des capacités
nouvelles d’adaptation sur des « terres inconnues » de lui.
S’il le faut, votre Caniconsultant régional est en mesure de
vous guider pour que vous puissiez faire évoluer votre jeune
chienne vers une meilleure tolérance à son environnement. Cette
démarche personnalisée s’avère souvent nécessaire, selon la
nature et le degré des privations sensorielles du très jeune
âge, vécues par votre jeune chienne.
Cordialement,
Danièle Mirat - Caniconsultante
Il
y a 3 mois, nous avons adopté Scoop (mâle croisé de petite race)
alors âgé de 2 mois ½.
Depuis que nous l'avons, il est malade en voiture. Notre
véhicule est un fourgon utilitaire sans banquette arrière, et
Scoop ne voit donc pas le paysage. Il vomit dès le premier Km et
continue tout le long des trajets.
C'est un jeune chien très cool, pas craintif et très confiant en
général. C'est notre seul problème avec lui, et je vois bien
qu’il commence à vraiment appréhender les trajets en voiture.
Merci d'avance de vos conseils
Béatrice de St Brieux
Il est possible que Scoop ait vécu un très désagréable premier
voyage en voiture, lors duquel il aurait été malade. C’est le
cas de certains chiots qui quittent leur élevage sans avoir été
préalablement familiarisés à l’automobile par leur éleveur. Ce
premier trajet avec des nouveaux humains inconnus dans ce
« drôle d’engin bruyant et secouant » est stressant jusqu’à les
soulever de vomissements et même de diarrhées.
Plus tard, tout nouveau parcours en voiture replonge l’animal
dans les émotions de cette première expérience traumatique, et
devient annonciateur et provocateur chaque fois des mêmes
misères organiques.
Veillez à lui aménager un espace où il pourra être bien « calé »
(peut-être une boîte de transport à laquelle on l’aura d’abord
habitué à la maison) pour qu’il ne soit pas ballotté dans tous
les virages (boîte de transport que l'on peut couvrir d'un drap
qui vient encore sécuriser certains chiens, par l'isolation des
sur-stimulations visuelles).
De plus, veillez à avoir absolument une attitude des plus
neutres quand Scoop est malade (en ne « faisant pas un
événement » des vomissements, avec des caresses qui se
voudraient rassurantes, mais qui ne produiraient pourtant que
l’effet inverse !)
Si nécessaire, il est possible d’orienter une désensibilisation
de la voiture qui correspond aujourd’hui à nausées et
vomissements pour Scoop, avec l’aide de votre Caniconsultant
régional qui guidera de manière personnalisée et pas à pas dans
ce travail.
Cordialement,
Danièle Mirat - Caniconsultante
Ma chienne Beagle de 11 ans (adoptée à l’âge de 6 mois) était
déjà peureuse mais le devient de plus en plus et panique
maintenant au moindre bruit à la maison, et pire encore lors
d’orages ou périodes de fêtes avec pétards.
Qu’en pensez-vous et comment l’aider ?
Richard de Senlis
Veillez d’abord, par votre attitude ostensiblement désinvolte, à
banaliser absolument tous les bruits de la maison qui paniquent
votre petite chienne. N’y réagissez pas vous-même et faites
« comme si » de rien n’était devant elle. Ne cherchez surtout
pas à la rassurer par des caresses et une attention marquée,
vous aboutiriez à l’effet inverse (on caresse habituellement son
chien quand il nous satisfait ! alors que peut bien signifier
pour lui de l’être aussi quand il panique ?)
Lors d’orages ou de périodes de fêtes d’été avec pétards, offrez
à votre chienne de pouvoir s’isoler dans une pièce fermée ou
dans un tranquille coin caché de la maison, et n’y faites pas
plus attention. C’est l’inverse de tout ce que l’on pense à
faire mais c’est le mieux pour son cas. Aidée par votre
tranquille assurance, elle finira par trouver à s’apaiser un peu
elle-même.
N’escomptez cependant pas des progrès fulgurants. Vos attitudes
passées, peut-être maladroitement renforçatrices parce que pas
vraiment appropriées, ont conduit votre petite Beagle à
généraliser maintenant des réponses émotionnelles conditionnées.
C’est ainsi que tout bruit sec ou fort peut désormais déclencher
chez elle toujours la même réponse de peur, alors attendez-vous
plutôt à une lente et très progressive amélioration.
Cordialement,
Danièle Mirat - Caniconsultante
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