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« J’aboie... A l’aide ! J’me sens perdu quand je suis seul... »

Après « j’aboie... donc je suis ! » examinons dans ce second article consacré aux aboiements, une autre expression sonore du chien : celle de la détresse.

Les aboiements d’un chien laissé seul à la maison sont une nuisance pour la famille elle-même et son voisinage. Pas toujours bien compris comme vivant une réelle détresse, l’aboyeur vocalise son désarroi face à une solitude qu’il ne sait pas gérer émotionnellement. Des éliminations, dites "malpropretés" ou des dégradations de l'habitat ou du jardin (autres formes d’expressions de la même détresse) pouvant parfois s’ajouter aux vocalises.

 

Pourquoi certains chiens aboient-ils quand ils sont seuls et les autres pas ?

 

Les « racines du mal » sont souvent dans le jeune âge de l’animal, et les conditions que l’on a pu lui offrir ou pas, de découvrir assez tôt qu’il pouvait survivre décollé du reste de son groupe familial.

Un chiot propulsé dans l’univers de la famille qui l’accueille, est un petit être qui vient de perdre les seuls repères de vie sur lesquels il s’était construit en quelques semaines : sa mère, sa fratrie, ses éleveurs (dans les bonnes conditions d’élevage !)

Après le stress d’un voyage en voiture et la découverte de la « nouvelle planète » où il débarque, le chiot n’a d’autre choix que reporter sur son nouveau groupe, l’attachement qu’il avait pour l’ancien.

Je m'appelle Arsène et maintenant je sais mieux gérer ma solitude

Et le voilà qui colle aux talons de ses nouveaux propriétaires ravis eux-mêmes de susciter un si bel attachement ! C’est ce vif désir mutuel d’échanges et de contacts que l’on devra vite gérer adroitement, pour initier le chiot (avide autant que nous de présence) à un peu de solitude. Cela passe d’abord par faire naître sa confiance, et sur cette base d’assise, on pourra orienter le chiot vers un apprentissage du « vide effrayant » de l’absence de ses propriétaires.

 

Les premières nuits d'un chiot sont à bien gérer

Pour ne pas précipiter un chiot dans un désarroi bien légitime, il faudrait anticiper de ne pas le laisser seul les premières nuits de son accueil dans la famille, ni dès le lundi matin quand on est allé le chercher à son élevage le samedi !

Les premières nuits sont souvent très difficiles pour le chiot fraîchement arrivé, qui généralement va vocaliser sa détresse s’il est isolé sans aucune transition. Pleurs et aboiements auxquels on finit par céder, parce qu’insupportables la nuit aussi bien pour le voisinage que pour soi-même... or, céder aux vocalises du chiot, lui apprend maladroitement qu’il suffit d'aboyer pour faire venir !  

Pour ne pas se trouver dans ce ficelage, il est donc préférable d’anticiper sur cette détresse vocale en gardant le chiot dans son panier près de soi les premières nuits. Parallèlement, c’est en journée que l’on choisira de l’initier progressivement à être un peu seul dans une pièce quand on est dans une autre.

Pour cela, s’organiser méthodiquement en deux temps ménage et prépare une commune tranquillité : celle du chiot et celle de ses nouveaux propriétaires par voie de conséquence.

 

1er temps : Initier la confiance

 

Le désarroi d’un très jeune chiot de 8 semaines (âge minimum légal de vente) est très atténué s’il reste dormir les premières nuits dans la chambre de ses humains (dans son panier et non pas dans le lit). Le fait de n'être pas isolé le rassure, pas de pleurs ou hurlements, il peut dormir et ses propriétaires aussi ! Autre avantage et non des moindres : pas de déambulations anxieuses en semant ses déjections partout ... !

 

Cette situation doit être provisoire et il faudra savoir instaurer une distance en éloignant le panier jusque dans une autre pièce, pour assurer le futur bon équilibre du petit animal. 

Un chiot acquis à 10 ou 12 semaines est moins fragile émotionnellement et peut ne rester que quelques jours dans la chambre, le temps d’évacuer le stress de son arrivée en terrain inconnu et de tisser un nouveau lien d’attachement.

 

2è temps : Initier à l’absence

 

Parallèlement, lorsqu’on est présent en journée à la maison (le matin, le soir, le week-end), on peut vaquer à quelques courtes occupations dans une pièce en maintenant le chiot dans une autre, afin de l’exercer à n’être pas toujours près de nous.

Le temps de prendre une douche, aller aux toilettes ou passer un coup de fil, on peut banaliser  complètement les éventuels pleurs ou aboiements (à ces heures ils sont supportables par le voisinage) surtout en ne réagissant d’aucune manière (ni « chut ! » ni « veux-tu te taire ! », etc…)

 

Seulement quand le chiot est calmé, on réapparaît sans en faire un événement, donc sans lui prêter attention. Petit à petit on allonge le temps passé dans les autres pièces, puis plus tard on peut même sortir pour de petites courses.

Le chiot se familiarise ainsi progressivement à l’ordinaire de ces calmes allées et venues, et constate que les absences sont toujours suivies de retours (surtout sans aucunes effusions de joie à ces « retrouvailles » !)

 

Quand il sait un peu rester seul sans stress en journée, c’est le moment de l’éloigner la nuit en mettant son panier hors de la chambre, et s’il y a quelques aboiements il faudra les ignorer absolument.

Pas de « chut » ni de « ça suffit ! » à ce stade, il doit avoir déjà observé qu’il ne lui sera pas répondu et il se calmera vite. 

Dans le quotidien de la relation, en s’abstenant de répondre aux diverses sollicitations de caresses ou de jeux du chiot, mais en étant soi-même à l’initiative de tout échange et sans abuser des contacts avec lui, on évite qu’il soit d’autant plus en manque quand on s’absentera!

L’objectif d’avoir un chiot (et plus tard un chien) paisible quand il est seul, passe par ne pas être constamment en interaction et « collage » avec lui quand on est présent, ce qui est souvent l’inverse de ce que pratiquent les personnes qui s’éloignent de nombreuses heures pour leur travail ! Un animal nourri de constantes interactions en notre présence, est d’autant plus soumis au vide immense et brutal produit par notre absence !

 

A retenir

 

Surtout, ne jamais sanctionner un chiot qui gémit ou aboie comme il est encore souvent conseillé, par exemple en le « secouant tenu par la peau du cou, soi-disant comme sa mère » ! Un chien ne fait cela que pour tuer une proie ! Ce serait donc bien plus que l’agresser sévèrement.

J’en profite pour souligner que toute brutalité sur un chiot et plus tard sur un chien, est une bien piètre et méprisable technique d’apprentissage ! A part faire passer sa colère sur lui, on ne lui apprend pas un autre comportement que celui pour lequel on le rudoie. J’ajoute qu’il ne faut pas hésiter à considérer comme nuisibles, les personnes qui avancent de tels conseils !

A méditer également sur l’usage de collier anti aboiement... outil qui se révèle bien abusif sur un chien en train d’exprimer une détresse !   Le collier anti aboiement: ce que j'en pense...

 

Le Caniconsultant aidera s’il le faut, pour conduire ce travail d’organisation avec un chiot, ou de réorganisation du quotidien avec un adulte qui ne sait pas gérer sa solitude.

Danièle Mirat- Caniconsultante

 

Texte publié dans la revue Atout chien n° 249


 

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