On déménage… le molosse aussi, mais de la tête !
Déménagement
et impact sur un chien (quelle qu'en soit la race, molosse ou
pas!))
Que
déménager soit un choix ou que les aléas de la vie nous y
poussent, c’est en tout cas un moment de la vie reconnu pour
être très stressant. Tout déménagement entraîne les personnes qui
s’y engagent, dans une inévitable recherche d’équilibre nouveau,
face à un quotidien modifié.
Cet
évènement est encore plus particulièrement déstabilisant pour
un chien, qui lui, sans en avoir rien décidé, se trouve
abruptement confronté à une totale rupture des repères de son
quotidien.
Suivant le type de relogement, la sensibilité du molosse, son
habitude ou non des changements, son âge et son état de santé,
cette aventure aura un retentissement plus ou moins fort sur son
équilibre psycho comportemental et même physiologique.
Changements et sensibilités inégales
Tel
molosse vivra relativement bien les changements en général, les
déplacements et autres « surprises » de la vie, tel autre en
sera plus ou moins affecté sans que l’on mesure bien l’impact de
ces diverses variations, modifications et passages d’une vie à
l’autre. Les plus jeunes (pas encore très équilibrés),
les plus vieux (très attachés à leurs habitudes) les
malades ou fragiles de santé (qui ont besoin de calme et
stabilité) les très émotifs (que tout inquiète et
perturbe) seront à ménager plus spécialement.
Pour le choix du relogement, et dans la mesure du possible, il
est sage d’anticiper sur les difficultés d’adaptation du chien à
une nouvelle vie.
Si
l’on tient compte des besoins et habitudes de l’animal, on peut
prévoir que tel nouveau contexte sera plutôt facilitateur
pour lui, ou que tel autre pourrait être stressant
(auquel cas, il faudrait prévoir quelques aménagements).
Pour exemple, gare au chien que l’on fait passer sans transition
de la campagne à la ville et qui a bien du mal à gérer les
promiscuités (d’humains et de congénères) sur les trottoirs ou
dans l’ascenseur de l’immeuble.
Gare aussi au molosse citadin que l’on propulse dans un jardin,
et qui a bien du mal à gérer émotionnellement la proximité du
voisinage, dont il est séparé par une simple et fragile clôture.
Autant de cas de figures qui peuvent soulever, plus ou moins
passagèrement, des difficultés d’adaptation de l’animal
(et entraîner des complications pour ses maîtres !)
Il
est possible de minorer l’impact de tout ce chambardement dans
la vie d’un chien, et d’autres précautions peuvent encore être
prises pour l’aider à passer le cap plus facilement.
Visite et découverte des lieux avant d’emménager
Soudaineté et nouveauté sont des dimensions stressantes, alors
faire découvrir d’avance son nouveau lieu de vie au chien (avant
même l’emménagement) lui permet déjà de prendre quelques repères
sur cet espace et son environnement, pour lui faciliter la
transition et pour un moindre impact lors de l’installation.
Ce
qui compte pour un chien c’est d’être avec ses maîtres, et si la
découverte du nouveau logement est un moment agréable pour lui,
l’animal en gardera un souvenir positif :
-
On peut
prévoir par exemple d’y faire un peu de bricolage en sa
compagnie (pas trop longtemps la première fois !) Si une
rénovation préalable s’installe un peu dans la durée, ces
moments peuvent être vécus dans la complicité, avec un chien
qui « participe » un peu et « apprivoise » ce nouvel endroit.
-
On peut aussi
organiser des pause casse-croûte sur les lieux (en prévoyant
un petit en-cas pour le chien dans sa gamelle)
-
On peut jouer
un peu avec l’animal (sans aller jusqu’à des surexcitations !)
et y laisser des jouets pour la fois suivante
-
On peut
emmener le molosse (en laisse) faire quelques courtes balades
alentour, histoire de le familiariser un peu avec ses futurs
coins de détente et d’aisance, et de faire un premier
inventaire des « 4 pattes » chiens ou chats du quartier. Tous
ne sont peut-être pas sociables ! mieux vaut les localiser.
Attention que
pour certains, la découverte de la vie rurale et d’animaux peu
ou jamais rencontrés (ex : bovins, ovins, volailles, etc.) peut
soulever des peurs et réactions vives auxquelles il faudra faire
face adroitement.
Pour d’autres
molosses, c’est se frotter à la ville et au tumulte urbain qui
peut faire des peurs et difficultés.
On comprendra
suivant les cas, qu’un travail de familiarisation sera
nécessaire avec peut-être l’aide d’un professionnel.
Le jour J
Si
l’on a la possibilité de confier son chien pour ce moment
de grande agitation générale, c’est mieux pour tout le monde.
D’une part pour le molosse qui n’est pas soumis au stress de la
valse des cartons et des meubles qu’on embarque. D’autre part
aussi pour les humains, qui n’ont pas à gérer la désorientation
du chien, qui souvent les cramponne pour être sûr « qu’on ne
l’oubliera pas ! ».
Attention également aux enfants, (généralement bien agités
eux aussi dans ces circonstances) qui peuvent ajouter au stress
collectif, et indisposer un peu plus le molosse (le conduisant à
de possibles réactions vives dont on connaît les risques !)
Sinon, suivant les situations et comme évoqué plus haut (selon
la sensibilité, l’âge et l’état de santé de l’animal) on peut le
soustraire à toute cette effervescence, le temps de vider la
maison ou l’appartement, en l’isolant dans une pièce avec
quelques-unes de ses « affaires personnelles », ou bien le
mettre dans sa boîte de transport s’il en a une, et dans la
voiture (bien appréciée par certains, lors des préparatifs de
départs en vacances notamment).
Installation dans le nouveau lieu de vie
Les
premiers points de repères rassurant pour le chien sont ses
lieux de repos et de prise de nourriture. Il doit donc lui être
tout de suite alloué des emplacements matérialisés avec gamelle
et tapis (ou panier) où il pourra trouver refuge et tranquillité
pour boire, manger et se reposer (à propos de gamelle, il faudra
veiller à ne modifier en rien son contenu habitue, pour moins de
chahut intestinal !)
On
peut s’attendre à ce que la première nuit soit un peu difficile
pour les plus sensibles, qui risquent de vocaliser leur détresse
devant ces changements perturbants. Il faudra alors doser entre
indulgence et fermeté suivant les cas.
Si
possible, il est préférable de ne pas livrer l’animal à la
solitude dès le lendemain d’un déménagement, ce qui ne
serait pas pour initier sa confiance sur son nouveau lieu de
vie.
Les
bruits inconnus du voisinage, les odeurs environnantes
nouvelles, les rythmes de vie quotidienne bousculés… tout peut
faire passagèrement difficulté d’adaptation pour l’animal, qui
peut alors l’exprimer à travers des conduites inattendues autant
que gênantes parfois.
Ne
sont pas rares, les chiens qui détruisent ou/et aboient dans
l’appartement, la maison ou dans le jardin, dès que les maîtres
s’absentent, alors que cela n’était pas dans leurs habitudes.
D’autres deviennent malpropres, « pots de colle », impatients,
très agités et grognons ou au contraire apathiques… autant de
manifestations diverses d’un même inconfort devant tout ce
« nouveau » auquel il faut petit à petit trouver à s’adapter.
Tout radical changement de vie chahute émotionnellement plus
ou moins un animal, et peut l’entraîner à des conduites
inadaptées (genre d’essais/erreurs) dans une recherche de
repères stabilisants.
La
patience et l’indulgence sont donc globalement de
rigueur devant certains comportements gênants du molosse, pour
ne pas ajouter encore un peu plus à sa maladresse ou à son
possible désarroi.
Passé quelques jours, des habitudes nouvelles viendront
ritualiser un quotidien dans lequel l’animal devrait retrouver
rapidement un équilibre, et des comportements plus adaptés et
attendus.
A
défaut, un Caniconsultant peut aider à comprendre telle ou
telle altération du comportement de l’animal et guider ses
maîtres pour mieux passer le cap.
En conclusion, anticiper et comprendre qu’un
déménagement provoque la transitoire désorientation d’un chien,
est déjà lui faciliter (et se faciliter soi-même) le passage
d’une vie à l’autre.
Texte publié dans le magazine "Molosses News" n°46
Danièle Mirat - Caniconsultante |