Le vieillissement est aujourd’hui objet de l’attention de tous les
acteurs du bien être de l’animal familier, car comme ses propriétaires
celui-ci voit son espérance de vie augmentée.
Les
progrès en médecine, chirurgie, diététique humaine et vétérinaire,
les recherches en gérontologie et gériatrie plus particulièrement,
ont en effet contribués à allonger notre vie comme celle de nos
compagnons « à 4 pattes ».
Alors
un jour on remarque la barbiche blanche de notre briard, les yeux
opaques de notre caniche ou la léthargie accompagnée de gloutonnerie
de notre chatte de gouttière…
Eh ! Oui, ils vieillissent !
Chiot
ou chaton, dès leur arrivée à la maison, avec vigilance, patience et
indulgence nous avons dû leur faire faire l’apprentissage de la vie
avec nous. Passé ce temps de l’enfance, le respect dû à un animal
entièrement dépendant a maintenu notre attention, pour offrir à notre
chien et/ou notre chat tout le soin dont ils avaient besoin
Mais
arrivés à l’heure de la vieillesse, c’est peut-être là que nous
leur devons le plus, alors comment leur faire vivre sereinement leur vie
de seniors ?
Qu’est-ce
que la vieillesse ?
Nullement
une maladie mais un processus normal du monde des vivants, la vieillesse
s’installe insidieusement dans le dernier quart de vie d’un
organisme. On y voit un état d’affaiblissement des forces et des
facultés, les effets du vieillissement gagnent petit à petit
l'appareil digestif, urinaire, cardio-vasculaire et respiratoire, le
système nerveux, locomoteur, reproducteur... jusqu’à ce que les
fonctions ralenties de l’organisme s’arrêtent définitivement.
Vers quel âge parle
t’on de vieillesse chez son animal ?
En
fonction de leur taille, leur poids, leurs conditions de vie ainsi
que de leur potentiel génétique personnel, nos chats et nos chiens ne
sont pas égaux devant le vieillissement.
On
observe qu’un grand chien entre dans le 3ème âge après
ses 7 ans, son espérance moyenne de vie étant de 10 à 12 années. Les
chiens de travail (gendarmerie, sauvetage, ring, pistage etc.) et les
chiennes reproductrices sont d’ailleurs mis à la retraite à partir
de cet âge.
Un
chat ou un chien de petite race pouvant vivre beaucoup plus longtemps
(15/18 ans), leur vieillesse ne débutera que vers les 10 ans.
Basées
sur des critères variés, des grilles de comparaisons d’âges de l’être
humain par rapport à ceux du chien sont même proposées. Ces
estimations n’ont d’intérêt que pour retenir qu’un chien ou un
chat âgé de 10 à 16 ans n’est pas un adolescent mais un vieillard !
et qu’il doit pour cela être traité avec des égards.
Certains
facteurs influent sur la longévité de nos petits compagnons. Le code génétique
bien sûr, mais spécialement tout le soin que l’on a pris d’eux dès
leur jeune âge, pour leur assurer une bonne condition physique et
psychique (l’une n’allant pas sans l’autre).
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Être attentif à certains signes Graduellement
moins beau, moins actif, moins présent, l’animal âgé est plus
fragile qu’un jeune adulte et doit donc faire l’objet
d’observations et d’attentions toutes particulières.
Le
regarder vivre et se déplacer, le palper, noter tout changement pour
reconnaître ses déficiences progressives, aide à vite déceler
l’apparition d’une maladie liée au vieillissement.
L’allongement
du temps de repos et de sommeil, qui lui est normal, ne devra donc pas
être une inquiétude.
Mais lentement l’animal peut venir à souffrir dans sa locomotion,
s’essouffler, mal entendre ou mal voir … plusieurs de ces déficiences
finissant par s’ajouter ! Résultat sa vitalité est diminuée et il peut
être moins prompt à répondre aux demandes.
Le
cerveau, organe de traitement des informations et de commande est
concerné par le vieillissement. Son inévitable dégénérescence entraîne
et accompagne progressivement nombre de troubles organiques, mais aussi
de l’humeur et du comportement souvent.
Les
signes du 3e âge se voient donc sur le plan physique,
psychologique et comportemental.
Physiquement:
-
Ses performances
physiques diminuant progressivement, l’animal se fatigue plus vite, il
peine à sauter ou monter les marches
-
Des
poils blancs apparaissent sur le museau, le corps, la fourrure
devient plus terne ou dépilée par endroits
-
Des verrues ou
kystes peuvent se former, qu’il faut faire examiner car les tumeurs
sont légion chez les seniors (d’ailleurs nombreuses sont les femelles
âgées qui développent des tumeurs mammaires)
-
L’animal
s’alourdit parfois. La surcharge pondérale est toujours préjudiciable
au cœur, aux reins… mais surtout si c’est un chien dysplasique qui
alors boitera davantage.
-
La cataracte
opacifie le cristallin, ce qui rend la vision de plus en plus trouble.
-
Les facultés
auditives diminuent et le chien ne "répond" plus : d’où
l’intérêt de lui avoir appris à réagir à la voix et aux gestes.
-
Le chien ou le
chat âgé peut se mettre à tousser ou s’essouffler, voire tomber en
syncope… peut-être des symptômes de maladies cardiaques, pour le vétérinaire.
-
Des insuffisances
rénales (les reins filtrant moins bien) peuvent provoquer la mort de
l’animal (c’est une des premières causes de mortalité chez le
chat) : alerter son vétérinaire quand on voit l’animal boire
davantage.
-
La perte d’appétit ou le contraire, l’incontinence nocturne, des
constipations en alternance avec des diarrhées sont autant de points de
repères de l’affaiblissement des fonctions vitales de l’organisme
de l’animal.
Psychologiquement
et comportementalement
Graduellement
la vie relationnelle de notre compagnon vieillissant s’appauvrit. Mais
ce phénomène s’accompagne parfois de troubles de l’humeur et du
comportement plus marqués, et certains de ces dysfonctionnements
nécessitent de consulter le vétérinaire :
-
L’animal a
moins d’intérêt pour tout ce qui le stimulait autrefois
-
Le chat joue
moins ou plus du tout et reste isolé
-
Le chien accueille ses propriétaires avec moins d’enthousiasme et réagit
comme « avec retard » ou comme « un peu décalé » quand on le sollicite,
jusqu’à ne plus répondre aux demandes
-
Il gémit parfois
dans des circonstances du quotidien (toujours un peu les mêmes) pour ce
qui ne semble pas être des douleurs ; il se met à hurler (de
détresse) quand on s'absente alors qu'il savait si bien tranquillement
rester seul auparavant; il devient moins patient
(voire despotique pour celui qui n’était déjà pas très
souple !)
-
Il peut avoir des
réactions disproportionnées ou un peu inopportunes à des bruits plus
ou moins familiers
-
Il peut se mettre
à déambuler de jour et même de nuit, voire se « perdre »
dans son environnement habituel (dans le jardin notamment)
-
Il peut rechigner
à sortir hors de chez lui, et sembler avoir oublié ses apprentissages
du jeune âge, ou même être « retombé en enfance »
ingurgitant, comme un chiot, tout ce qu’il trouve
Devant quelques-unes de ces déficiences, que faire pour l’aider à mieux
vivre son 3ème âge ?
-
D’abord
des visites régulières chez le vétérinaire, qui pourra retarder ou
éviter l’apparition de maladies inhérentes à « l’âge
mûr » sachant qu’aucun traitement ne pourra jamais rajeunir un
vieil animal, mais souvent lui assurer une qualité de vie plus
optimale.
-
On
peut obtenir une activation des fonctions vitales ralenties par la
vieillesse, une récupération fonctionnelle du tissu nerveux, un
soulagement dans les affections inflammatoires des articulations ou des
bronches, une amélioration de la fonction cardiaque, du tube digestif,
du foie, des reins…le régime alimentaire peut être changé, adapté,
supplémenté, la prise de nourriture fractionnée…
-
L’homéopathie,
la phytothérapie, l’acupuncture, l’ostéopathie etc.…étant
particulièrement efficaces pour aider et soulager certains maux de la
vieillesse.(Les
plantes à la rescousse: la phytothérapie au service de nos
chiens et nos chats)
-
D’une
manière générale il faut garder les habitudes du vieil animal. La
routine du quotidien est rassurante et la rupture avec ses repères
journaliers le désoriente et le stress facilement (une mise en pension
par exemple peut être mal vécue, un déménagement également, mais aussi l’absence d’un
membre de la famille…)
-
Veiller
à lui ménager une place de repos plus moelleuse (hors courant d’air)
et plus au calme, car tout en gardant le contact avec la vie de famille,
l’animal a besoin de plus longues périodes de sommeil.
-
Sans le reléguer, il faut le protéger notamment de l’agitation des
enfants. Leur turbulence est moins bien vécue par un chat ou un chien
devenu moins tolérant, simplement parce qu’il souffre des maux divers
de la vieillesse, d’où parfois des grognements et même des coups de
crocs du chien ou de griffes du chat.
L’un
ou l’autre animal souffrant des reins, d’arthrose ou de dysplasie
par exemple, redoutera aussi les caresses qui deviennent douloureuses,
d’où là encore de légitimes réactions agressives pouvant
augmenter. Atteint de surdité ou/et d'une vision altérée il est
sans cesse "surpris" et ne peut plus anticiper les approches.
Aux
adultes de faire comprendre aux enfants de la famille, à leurs petits
camarades et à ceux qui croisent le chien au cours des balades, que
l’animal âgé est moins patient, qu’il veut moins jouer et
recherche moins les caresses.
Parce que sa vitalité et sa mobilité ont diminuées, les enfants devront
apprendre à l’aborder et jouer avec lui sans brutalité, à faire des
caresses moins appuyées et moins prolongées pour son dos ou ses pattes
arthrosiques.
Pourquoi tant d’enfants ont-ils été mordus par leur vieux chien
pourtant « gentil » jusque là ? parce que l’animal
qui a souffert de leurs rudesses répétées, a eu un jour la réaction
naturelle de défense chez les canidés : la morsure.
L’animal avait probablement grogné ou montré les crocs auparavant,
il avait déjà « prévenu » en quelque sorte, mais les
très jeunes enfants en particulier, ne repèrent pas cette menace du
chien destinée à faire cesser leur comportement. L’animal fini par
mordre parce qu’il n’a pas vu aboutir ses avertissements et qu’il
continue d’être victime de brutalités.
Les
balades doivent être ajustées à sa mobilité réduite, son
insuffisance cardiaque et/ou respiratoire, sa surdité et/ou sa plus
mauvaise vue, en les réduisant un peu plus lors de conditions
climatiques extrêmes (fortes chaleurs ou froids intenses). Les manteaux
et imperméables du commerce protègeront les plus fragiles.
-
Penser
notamment à l’aider à monter ou descendre de voiture, prendre garde
à ne pas le laisser trop s’éloigner (certains, soudainement inquiets
en ne voyant plus leur propriétaire, se mettent en danger en courant en tous
sens). La surdité du vieil animal peut être compensée, en essayant de
rester dans son champ de vision et développant une gestuelle exagérée
et incitative pour le rappel entre autre (attention en pénombre
l’hiver, il y voit moins bien !)
-
Par
temps doux, un brossage précautionneux adapté une fois encore aux
raideurs, douleurs, ou imperfections de la peau, reste bénéfique. Il
permet la surveillance de grosseurs, de présence de parasites
nuisibles, etc… tout en maintenant le contact corporel et la tendre
complicité avec un animal, que ses facultés sensorielles diminuées
isolent un peu (et toujours pour les raideurs douloureuses, attention à
l’essuyage des pattes sales au retour des sorties) (Les
plantes à la rescousse: la phytothérapie au service de nos
chiens et nos chats)
Ce maintien d’une activité modérée est nécessaire au bon équilibre d’un
vieux chien, et pas de « retraite brutale » à celui qui chassait ou
faisait du jogging avec son propriétaire sous prétexte qu’il n’est plus
performant !
Un
nouveau compagnon lui serait-il profitable ?
Il
vaut mieux s’abstenir d’amener « dans les pattes »
d’un chien ou d’un chat senior, un chiot turbulent par nature, qui
risque de le bousculer et l’épuiser avec sa vitalité débordante et
ses mordillements.
Mais
si l’on introduit un jeune animal dans le groupe familial quand le
senior est encore bien actif, alors c’est bénéfique pour les deux.
Le jeunot va faire maints apprentissages par imitation avec son
« vieux prof » (il vaut mieux à ce sujet avoir plutôt un
« ancien » bien aux ordres, car ses mauvaises habitudes vont
aussi « déteindre » sur le plus jeune !)
Stimulé, un chien senior peut retrouver une seconde jeunesse, mais il faut veiller
aussi bien à respecter l’ascendant qu’il maintient sur le jeune,
qu’à parfois le modérer si ne se sentant pas vieillir, il en faisait
un peu trop !
Et
si enfin plus tard avec tous vos soins, votre chien ne passe plus son
temps qu’à dormir et semble devenir comme
plus « mécanique », à n’être plus intéressé que
par sa gamelle et l’heure des sorties (pour d’ailleurs vouloir
rentrer très vite dès ses besoins faits !) il faudra devenir
encore plus indulgent pour l’accompagner jusqu’à sa fin.
Maintenir
son vieil animal en vie dans le confort jusqu’à sa mort, ne devant
évidemment jamais vouloir dire que l’on va s’obstiner de manière
déraisonnable pour le garder, et finir par le faire souffrir
inutilement et uniquement pour notre propre confort.
Danièle Mirat - Caniconsultante
Texte co-rédigé avec
Françoise Gaudron
et
publié dans le magazine "Santé Pratique Animaux" n°11
la phytothérapie au service de nos
chiens et nos chats : Les
plantes à la rescousse:
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