Cette belle action peut devenir un cauchemar si l’on ne s’informe pas
des maladresses à ne pas commettre quand on adopte un animal abandonné. Car le recueillir pour
le rejeter 15 jours plus tard, serait un traumatisme supplémentaire
pour le chien ou le chat et vous-même.
Tenir compte de son environnement, ses disponibilités, ses attentes,
sont des éléments à prendre en compte lors de la visite au refuge. Car
faire le bon choix de l’espèce (chien ou chat) de la race et de la
taille de l’animal que l’on va recueillir sera la garantie d’une
relation durable.
Faire
le bon choix
Un grand chien aux poils
longs, par exemple, peut être attirant, mais il demande de la place dans
la maison et la voiture, assez d'espace de vie en rapport avec lui, du temps
pour de longues promenades, un toilettage régulier, ainsi qu’un
budget nourriture important.
Un
petit chien de compagnie, si vous le sortez au moins trois fois par
jour, s’adaptera plus facilement dans un appartement qu’un Huskies,
un Bouvier Bernois ou un grand chien de chasse.
Certaines races aux
caractéristiques particulières, sélectionnées et développées à l’origine
par les éleveurs (ex : les chiens de bergers spécialisés dans la garde,
la défense ou la conduite des troupeaux) auront besoin de propriétaires
plus avertis, aux attentes et conditions de vie plus en relation avec ce
type de chien.
Si l’on vit chez ses
parents ou avec un conjoint, on doit être sûr que l’animal sera le
bienvenu. Avec des enfants, on essaiera de savoir si l’animal a déjà
été familiarisé aux petits et quel était son comportement vis-à-vis
d’eux ?
Le futur « recueillant » doit aussi savoir que certains chiens ou chats
présentent des profils tempéramentaux qu’il pourrait mal vivre (ex: un
chien qui manque d'autonomie et ne sait pas rester seul sans stress...)
Il est rare que les
refuges ou associations connaissent avec précisions le passé des
animaux qu’ils abritent. |
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Certaines
personnes n’ont pas réussi à comprendre les motifs des comportements
indésirables de leur chien, comme les dégradations, les conduites
agressives, les aboiements intempestifs ou les éliminations inopportunes
dans la maison… Alors ils le rejettent.
D’autres, voyant que
la petite boule de poils qui les a fait craquer a beaucoup grandi,
qu’il faut la sortir, la nourrir, bref en prendre soin
quotidiennement, préfèrent s’en débarrasser.
Les chats, eux, sont pour la plupart abandonnés près de la maison par
des personnes qui déménagent
ou partent en congés. Ils pensent à tort que le chat sera plus heureux
près de son ancien lieu de vie et qu’il trouvera lui-même sa
nourriture.
Pourquoi et comment a été
abandonné le chien ou le chat que vous avez choisi de recueillir ? vous
ne le saurez sans doute jamais, mais c’est sûr qu’il a souffert, et
va avoir besoin de temps pour récupérer son équilibre, sa confiance
en l’homme.
Il
a d’abord connu le désarroi de perdre ses repères de vie avec ses
anciens propriétaires, parfois l’errance avant d’être ramassé, parfois
la maltraitance et assurément la souffrance d’un séjour au refuge
aux conditions de vie difficiles.
Certains chiens sont catalogués « d’agressifs » ou « mordeurs » juste
parce qu’ils ont grogné ou montré les crocs, et des chats parce qu’ils
ont « craché » ou griffé. La plupart du temps, il s’agit de réactions
légitimes faisant partie des codes de communication de l’espèce, dans
des circonstances bien précises et qu'il aurait été possible
d'expliquer. Certaines formes de "réponse agressive" ont ainsi pu être
« installées » chez l’animal, dans un environnement relationnel toxique
ou par à une simple gestion maladroite des échanges avec l'animal.
D’autres fois c’est le stress de l’enfermement derrière les barreaux…
En tout état de cause, quand vous allez
récupérer celui dont les yeux malheureux vous ont attendri, préparez
l’avenir avec ces quelques conseils.
Les
bons gestes Pas
d’attendrissement exagéré et posez de suite les bonnes règles de vie en
personnes responsables, compréhensives et respectueuses, mais pas trop
permissives non plus sous prétexte que cet animal a déjà trop souffert.
En voiture, il est
prudent de le mettre à l’abri dans une boîte de transport,
il pourra
se familiariser tranquillement avec votre voix et vos odeurs.
Pas
d’effusions bruyantes des enfants,
il a bien plutôt besoin de calme pour
modérer son stress.
S’il est malade durant le voyage, abstenez-vous de vouloir le rassurer,
vous ne feriez que le conforter dans sa peur. Si c’est un chien,
prenez le temps d’aller le promener dans un endroit calme, sans le lâcher
bien sûr, il est trop tôt pour cela et il faudra attendre de mieux le connaître
en balade, et bâtir avec lui une confiance mutuelle. Appelez-le par son nom d’une voix douce
et félicitez-le s’il fait ses besoins, il prend déjà un peu confiance en
vous.
Dès l’arrivée chez
vous, laissez-le découvrir à son rythme les endroits permis de votre espace de
vie... et fermez les accès aux autres pièces. Attribuez-lui tout de suite
une place avec son panier, des jouets, une gamelle d’eau. Choisissez un coin
tranquille où il pourra se réfugier, se reposer sans crainte et ne sera pas
dérangé (surtout par les enfants à qui vous devez apprendre le respect du
nouveau venu). Ne lui proposez pas un lieu de passage (entrée,
couloir, bas d’escalier) qui ne permet le repos, ni aucune chambre qui peuvent
rester réservées aux humains, mais ne lui imposez pas pour autant d'être l'écart
de la famille! il a besoin de réconfort et proximité tout de même!
Dès son premier repas,
veillez à ce qu’il mange tranquille et seul (sans stress aucun) et de
préférence la même nourriture qu'au refuge. La transition alimentaire avec
un autre type de nourriture (peut-être de meilleure qualité) devra se faire
progressivement sur 6 à 10 jours, par l'apport de la nouvelle dans l'ancienne à
raison de pourcentages augmentés petit à petit. Une fois sa gamelle donnée, ne
commettez jamais la maladresse de la lui reprendre sous prétexte de lui montrer
qui domine qui !! Le chien l’a attendue, une fois donnée elle est à lui. Il
pourrait vous craindre et déclencher qui sait ? une conduite agressive, qui ne
serait motivée que par la peur d’une personne imprévisible au milieu de son
stress de rupture de repères.
Ne
forcez pas les contacts s’il est craintif, ne brusquez rien, il a besoin de
temps pour reprendre confiance, laissez-le venir à vous petit à petit. Il a
pu être brutalisé par des humains de sexe masculin ou être malmené par des
enfants et continue de les craindre. Ou simplement (et c'est courant) il a été
mal familiarisé aux humains et les craint par manque de compétences qui ne
s'acquièrent justement que par l'expérience.
Temps,
patience et compassion l’aideront à s’apaiser
S’il est
"malpropre" les
premiers jours, ne soyez pas fâché, cela révèle sa détresse, il lui faut le
temps de s’adapter. S’il s’est soulagé la nuit ou la journée en votre
absence, nettoyez hors de sa présence, ne le grondez pas, un chien ne peut pas
associer votre colère présente à son action passée. Si ces éliminations dans
l'habitat devaient perdurer, un Caniconsultant pourra être appelé pour aider.
Pour
le chat montrez-lui où est son bac à litière, ainsi que son bol d’eau et son
écuelle placés à bonne distance, emplie de nourriture toujours à volonté (les
chats doivent pouvoir manger de nombreuses fois par jour).
Proposez-lui un arbre à chat qui lui permettra de se
reposer et réfugier en hauteur, équipé de griffoir si possible.
Tout animal adopté et propulsé dans un nouveau
lieu de vie avec des personnes étrangères peut produire toutes sortes de
comportements désordonnés trahissant sa désorientation dans cet éclatement de
son quotidien précédent. Il y aura lieu de se montrer indulgent et
compréhensif.
Suite
à leur abandon, beaucoup de chiens craignent les absences de leur nouveau
propriétaire.
Il
faut donc les préparer doucement à des séparations momentanées.
Quand
vous restez à la maison, commencez par l’habituer à ne pas vous coller et
à rester un peu dans une autre pièce. Apprenez-lui ensuite que vos départs
sont toujours suivis de retours: pour cela quittez la maison sans le regarder ni
lui parler, restez dehors quelques minutes et revenez avec toujours une attitude
neutre, sans répondre à ses effusions de joie. Puis augmentez graduellement le
temps de vos absences.
En résumé, pour retrouver l’équilibre ces animaux ont besoin de propriétaires
indulgents, calmes, patients, affectueux mais sans excès, et sachant proposer
des règles de vie dans le respect de l’animal. Il s’avère sage parfois, de
prendre les conseils d’un Caniconsultant, qui en 1 ou 2 entretiens, informe
des attitudes justes face à un animal momentanément trop perturbé par l’abandon
et auquel il faudra souvent plusieurs semaines (plusieurs mois pour les +
émotifs) pour se trouver de nouveaux repères et s'adapter à leur nouvelle vie.
Danièle Mirat - Caniconsultante
Texte co-rédigé avec
Françoise Gaudron
et
publié dans le magazine "Santé Pratique Animaux" n°6
Quelques
questions pratiques, affirmations, idées reçues et
réponses courtes
:
Le chien sous toutes les
coutures |