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Un 2ème Chien ?

 

On a déjà un chien, et un jour l’envie ou l’idée vient d’en avoir un deuxième. Les motivations seront variées, et pour certains la raison évoquée est celle de l'ennui du toutou de la maison, avec certaines dégradations associées que l'on compte bien voir cesser de cette manière*. Pour d’autres, c'est plutôt trouver un type de chien mieux apprécié par l'un des conjoints que celui avec lequel on cohabite déjà. D’autres encore savent que leur vieux chien est sur sa fin et veulent s’attacher à un autre pour moins souffrir de solitude...

Toutes ces raisons personnelles sont honorables pour autant qu'elles soient mûrement réfléchies, et qu'elles soient préalablement organisées pour une intégration harmonieuse dans le groupe (d’humains et d’un chien) déjà constitué.

 

Peser le pour et le contre

 

Les éléments à considérer dans le souhait d’avoir un second chien, sont en priorité les dispositions du « 4 pattes » de la famille à vivre cet événement.

Premier critère d’importance : notre chien est-il bien sociable avec ses congénères pour tolérer la présence et la proximité d'un autre ?

N’est-il pas déjà trop âgé ? Car un senior freiné dans sa motricité, peut être bousculé par la présence d'un plus jeune, trop vif et trop sollicitant pour lui. A tel point que le vieil animal se sente gêné en permanence par ce contraste prononcé, en inhibant ses déplacements et contacts avec l'entourage. Les douleurs articulaires du vieil âge peuvent aussi être les déclencheurs de conduites agressives dirigées vers le jeunot. Un climat ainsi fait de tensions peut avoir un retentissement considérable sur l'émotionnel et donc la santé du vieux chien. Mieux vaut alors se résoudre à éviter un nouvel arrivant pour celui-là, afin qu'il puisse vivre paisiblement son 3ème âge.

Par contre, un senior dont l'élan vital et l'énergie sont encore visibles et dont la mobilité n’est pas trop entravée, pourrait tout à fait voir un regain d'activités dans la nouvelle présence d'un jeune chien. Il se remet à jouer et au lieu de vivre péniblement cette présence, on lui trouve une « deuxième jeunesse ». 

 

Un chiot ou un adulte ?

 

Outre les précautions à prendre pour le senior, il y a celles du choix de l’animal que l'on souhaite accueillir. S’agissant d’un chiot, attention d’abord à ses bonnes conditions de développement précoce à l’élevage, qui sont indispensables à la réussite de cette cohabitation nouvelle. Sans oublier qu’un chiot appelle inévitablement ses propriétaires à s’organiser pour se rendre plus disponibles les premières semaines, notamment pour l'apprentissage (parfois difficile) de la propreté.

S'il est question d'adopter un chien adulte auprès d'un particulier ou d'un refuge, il est à bien mesurer que l'on va mettre en présence deux adultes qui ne se connaissent pas jusque là, et que ces chiens auront besoin de quelque temps pour s'adapter. Et attention qu’une promenade d'une heure avec les deux chiens en milieu extérieur est rarement un indicateur fiable de leur possible entente dans l'habitation, qui est un lieu déjà investi depuis si longtemps par le premier arrivé. 

En général le passé du chien adopté est mal connu (ou pas du tout) et ses capacités à cohabiter ou non dans l'environnement qui lui sera proposé, ne pourront s'observer qu'en « tentant » l'adoption. 

Certes, tout n'est pas négatif dans une telle démarche, mais là aussi il est judicieux de bien la préparer :

  • Quels types de chiens se propose-t-on de mettre ensemble

  • Ces « quatre pattes » pourront-ils disposer d’assez d’espace (pas uniquement le jardin, mais aussi l'habitation) ?

  • N’y a-t-il pas une disproportion morphologique trop importante ? (si des conflits apparaissent, les conséquences peuvent être graves pour le plus petit).

  • Sont-ils sociables avec leurs congénères ou non ?

  • Veut-on faire vivre ensemble deux mâles, deux femelles, ou mâle et femelle (des stérilisations sont parfois souhaitables à moins de penser à élever quelques chiots « en famille ») ?

  • A-t-on bien pensé à la nécessité de sortir ces chiens en extérieur (pour leur bon équilibre) et à la possible difficulté de promener deux chiens en même temps, comme d'avoir la disponibilité nécessaire ?

 

Le respect des codes sociaux canins

 

Après avoir fait le choix de l’animal et une fois mis en place un contexte propice à l'accueil, il peut être procédé à la rencontre, de préférence en milieu extérieur et non loin du domicile, sans précipitations et tensions, et si tout se passe bien le retour à la maison ensemble est envisageable. 

Le contexte relationnel exerce une grande influence sur les dispositions des chiens à réguler leurs échanges. Notre présence et notre manière de gérer le quotidien avec nos animaux peuvent donc être à l’origine de conflits entre eux (dans ce cas on observe que les « bagarres » ne se déroulent jamais en l'absence des propriétaires) ou au contraire propices à les réduire.

Dès l'arrivée du chien adopté, il est souvent tentant de mettre les deux congénères en stricte situation d'égalité devant les caresses, l'alimentation, etc. Pour nous il ne s'agit que d'une question d'être « équitables », mais pour les chiens il s'agit d'une situation incompréhensible faisant apparaître des conflits répétés.

Dans le cas d’intégration d’un chiot, il est souhaitable de laisser le senior faire « sa loi » vis-à-vis du petit et le soutenir dans l’ascendant naturel que tout chien adulte a sur un chiot. Plus tard, à l’adolescence, le jeune cherchera peut-être à prendre la dominance (que le senior lâchera ou pas), mais cela pourra se faire pacifiquement si les deux chiens ne sont pas gênés maladroitement par leurs propriétaires, qui ne respecteraient pas « ces affaires de chiens ».

L’arrivée d’un chien déjà adulte pouvant parfois être plus délicate, l’aide d’un Caniconsultant est alors utile pour savoir gérer au mieux ce nouveau quotidien, et éviter les heurts majeurs entre les deux congénères.

 

Précaution particulière

 

Le moment des repas peut être particulièrement délicat avec l’intégration d’un 2ème chien dans le groupe familial. « Chien 1er » ne se verra peut-être pas de supporter facilement la présence importune de l’autre, à l’heure de sa gamelle. Pour le confort émotionnel de chacun, mieux vaut donc prévoir un protocole strict autour de la nourriture.

  • D’abord : préparer les repas de la famille ainsi que la gamelle des chiens en dehors de leur présence.

Ainsi pas d’excitation qui pourrait dégénérer en bagarre, et nuire qui plus est, à la bonne assimilation de l’aliment absorbé par les chiens de grandes races, sensibles aux torsions d’estomac.

  • Faire manger chaque chien seul et tranquille en leur laissant la gamelle 10mn à ¼ d’heure, pour la ranger dès qu’elle est terminée.

Si tout n’est pas absorbé, il est impératif de ne pas laisser de « restes », mais de les ranger pour les resservir au prochain repas.

  • Ne pas laisser de nourriture à portée des chiens pour les qualifier ensuite de « voleurs ».

La poubelle dans la cuisine, le sac de croquettes dans le garage, le poulet sur la table, le paquet de biscuits oublié sur le canapé, sont donc autant de risques de compétition (et possibles bagarres) entre les chiens pour se les approprier.  

Tout ce qui touche à la nourriture est une « affaire sérieuse » pour un canidé. Ne pas en être conscient peut exposer à des conduites agressives dont on sait qu’elles peuvent en être les conséquences, spécialement avec des chiens de grande race.

 

* Attention aux idées reçues circulant au sujet des difficultés ou petits soucis déjà existants qui disparaîtraient grâce à la présence d’un nouveau chien. Au contraire, tout cela pourrait bien prendre de l'ampleur et il vaut donc mieux un premier chien bien aux ordres, car sinon ses mauvaises habitudes vont « déteindre » sur le nouveau venu, simplement parce qu’un chien n’apprend jamais mieux que par l’imitation d’un congénère !

 

Publié dans les revues Atout chien - Santé pratique animaux - Molosses News

 

Danièle Mirat en co-rédaction avec Michel Quertainmont