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Acquérir un chien -->> Un animal /cadeau

Un chiot pour cadeau …

Peut-être pas une si bonne idée !

 

Anniversaires, fêtes de Noël ou de fin d’année, sont autant d’occasions ou périodes propices pour faire un cadeau à un être aimé, adulte ou enfant.

 

C’est un peu faire sien le désir de l’autre (ou parfois faire de son désir celui de l’autre !) et tenter de trouver ce qui va le combler.

Le prix, la couleur, la taille, la qualité, la marque, l’utilité, bref un panel impressionnant de critères se doivent d’être pris en compte par l’offrant, pour espérer satisfaire au mieux celui qui reçoit.

Mais on peut déjà distinguer nettement deux situations : celle d’offrir un objet et celle d’offrir un être vivant.

Un objet offert reste une matérialisation statique de l’affection portée à la personne qui le reçoit, qui elle-même lui accordera un poids plus ou moins grand de valeur affective.

Par contre un être vivant offert, implique bien davantage la personne qui le reçoit, dans un lien à éprouver et à tisser émotionnellement dans l’interaction avec le « cadeau vivant ».

Rien de comparable donc, entre recevoir un superbe livre et un animal, qui lui ne saura justement pas se contenter de rester la simple et muette représentation du lien unissant à la personne qui offre !

Alain avec Cyndie

 

Cohabiter avec un animal est un choix très personnel

 

Partager le quotidien avec un animal, et commencer par l’accueillir dans de mutuelles bonnes conditions, c’est se représenter à l’avance les futurs échanges et mûrir ce projet de cohabitation dans l’anticipation des bénéfices, mais aussi des contraintes inhérentes à une telle démarche.

 

En offrant un animal à autrui, peut-être bousculera-t-on cette maturation préalable qui ne pourra donc pas s’affiner jusqu’au bout. Mais surtout, ne fera-t-on pas violence au milieu individuel et intime de l’autre, en faisant arriver dans sa vie un être qu’il n’était pas encore prêt à accueillir ?

 

Même si elle comporte des aléas, la présence d’un animal est rarement vécue comme une contrainte pour celui qui l’a désiré. A l’inverse, pour celui qui n’a pu faire soi le désir de cohabiter avec un animal, les moindres réalités du quotidien vont être une charge, déclenchant des tensions mutuelles préjudiciables au bon équilibre psycho-comportemental de l’animal, et à l’origine de nombreuses difficultés adjacentes.

 

Quand on sait l’importance du processus de construction d’un lien, il n’est pas difficile d’imaginer tous les désagréments que peut causer le don d’un animal à une personne. Car les défauts de lien et d’attachement sont à l’origine de nombreuses incompréhensions, de nervosité, d’agacement et de difficultés en somme … 

  

Imposer maladroitement un animal retentit sur ce dernier

 

Pour se construire et faire les premiers apprentissages de la vie près des humains, un chiot a d’abord besoin de tranquillité émotionnelle. Il peut ainsi reporter sur son nouveau propriétaire l’attachement qu’il avait pour sa mère et sa fratrie, desquels il vient d’être arraché brutalement. Ayant perdu tous ses anciens repères de vie, c’est de toute l’attention bienveillante de personnes disponibles dont il a surtout besoin.

Il n’y a que l’ardent désir d’avoir un petit compagnon, de l’avoir choisi et attendu qui le fasse accueillir avec la spontanéité, la tendresse, la douceur et la clémence qui éveilleront son attachement.

Et sur le socle de ce nouveau lien, naît la confiance d’un petit animal prêt alors à se frotter aux durs apprentissages de la vie, dans une société humaine.

 

Apprentissages que le petit animal ne peut pas faire dans l’improvisation et la hâte, avec un nouveau propriétaire tendu, impatient et vite fâché, débordé qu’il est par ce chiot qu’il n’attendait pas. Incapable de s’adapter assez vite, le chiot devient rapidement décevant, et son propriétaire de moins en moins indulgent.

Les voilà tous deux engagés dans la spirale infernale de l’animal non désiré qui peine à s’ajuster, et qui vient rapidement faire penser « qu’il n’est décidément pas un cadeau ! »

 

Cette grande disponibilité qu’exige un chiot est justement la qualité d’une personne ou d’une famille qui ne s’est pas vue obligée d’accueillir un petit être vivant, qu’elle ne peut alors ressentir que comme une charge.

Prendre la responsabilité d'accueillir un animal et de vivre avec lui (avec tout ce que cela représente individuellement en terme de lien, d’engagement et de disponibilité) ne peut idéalement se former que dans un choix personnel. 

Imposer un animal à autrui, même sous la forme d'intentions louables, est de la plus haute improbabilité en matière de relationnel équilibré, jusqu'à freiner et perturber le développement comportemental du petit animal

 

Offrir un chiot doit donc se limiter à proposer clairement le cadeau que l’on est en mesure de faire, car la surprise d’arriver avec un être vivant risque de n’être pas l’agréable évènement que l’on prévoyait.

Proposer, respecter le désir, laisser le temps de la réflexion et du mûrissement, laisser le choix au sens large et permettre de construire le lien, c’est assurément là qu’est le véritable cadeau à l’autre.

 

Aspect particulier du chiot cadeau pour un enfant

 

Les enfants sont souvent demandeurs d’un chien à la maison, mais cette cohabitation n’est jamais sans risque.

 

Décider d’accéder au désir de l’enfant ne doit donc pas se faire dans l’approximation, la hâte d’un coup de tête ou d’un coup de cœur pour un « chiot gros nounours » vu dans une vitrine, parce que l’enfant trépigne et/ou réclame son cadeau depuis longtemps. Qui plus est parfois, avec la promesse de s’en occuper lui-même ! Attention que les priorités et intérêts d’un enfant évoluent avec l’âge et il serait illusoire (et abusif) d’attendre de lui un pareil engagement sur 10 à 15 ans de vie de l’animal.

 

En intégrant un chiot dans une famille, les parents doivent donc prévoir beaucoup de temps à lui consacrer personnellement, pour l’aider à poursuivre son développement physique et psycho-comportemental.

Les contraintes journalières de nourrir l’animal, l’éduquer, le toiletter, le sortir plusieurs fois par jour, leur reviennent absolument, même s’ils peuvent déléguer parfois quelques tâches à l’enfant selon son âge, en vérifiant que le chien est bien respecté.

 

L’animal partenaire de jeux de l’enfant, avec ses limites à la tolérance, ni « cheval à bascule » ni souffre douleur, est bien sûr aussi sous l’entière responsabilité des parents qui ont pour devoir premier d’apprendre à l’enfant à respecter son compagnon.

 

Idée cadeau à longuement maturer donc, en veillant au bon moment pour l’adoption de l’animal (dans une franche concertation avec les différents membres de la cellule familiale) autant qu’au choix effectif du petit compagnon. Pour cela, il y a lieu de s’informer préalablement des critères à privilégier pour ce choix, aux niveaux races et bonnes conditions d’élevage (propices au bon équilibre du petit animal).

A noter que l'achat en animalerie ne garantit pas l'exacte provenance des chiots à la vente ...

 

En conclusion, la présence d'un chiot dans la famille peut être bénéfique pour les enfants et quelques petites missions bien choisies et toujours accompagnées sont propices à ce que les bambins développent leur autonomie. Mais adopter un chiot ne peut se construire sur la lourde responsabilité que l'on fait peser sur l'enfant ou le jeune ado. En lui accordant ce choix parce qu'il prétend en assumer toutes les contraintes futures ...  on aura perdu de vue qu'à ces âges les centres d'intérêts se déplacent !

 

Danièle Mirat - Caniconsultante

 

Texte co-rédigé avec Michel Quertainmont - Caniconsultant - et publié dans le magazine "Chien Mag" N° 9