Les propriétaires d’animaux familiers se sentent souvent démunis face à la maladie de
leur compagnon à 4 pattes, un peu comme ces parents avec leur bébé malade, qui ne peut
expliquer ni son mal ni son ressenti.
Il
est parfois difficile de faire la part des choses devant le changement remarqué :
est-ce le signe annonciateur de maladie grave ou «cela va t’il passer
rapidement ? »
Téléphoner
à son vétérinaire et lui décrire les symptômes remarqués sera sage et
permettra d’agir rapidement et de moins s’inquiéter.
Ces
praticiens nous ont appris à avoir le réflexe de prendre la température de
notre animal qui semble mal en point. Les
normales pour chiens et chats se situent entre 38°5/39°. En dessous de
37°5 ou au-dessus de 39°9, il y a lieu de s’alarmer et faire examiner
l’animal au plus vite.
Les vétérinaires nous ont appris aussi à repérer certains symptômes qui
les guideront vers un diagnostic plus rapide.
On sait par exemple:
-
Qu’en été, une respiration rapide, des halètements sonores et une démarche
chancelante peuvent être les signes d’un coup de chaleur.
-
Un chien abattu sans appétit, dont les urines deviennent foncées, peut
faire penser à une piroplasmose transmise par une tique infectée.
-
Un chien de grande taille, prostré, faisant de vains efforts pour vomir,
peut faire un retournement d’estomac (complication survenant souvent après
l’absorption d’une grande quantité d’aliment ou d’eau, suivie
d’effort physique intense) Il sera nécessaire d’opérer sur l’heure pour
sauver l’animal.
-
Un chat qui n’arrive plus à déglutir peut faire une angine ou une
affection de l’appareil digestif (dents, larynx..)
-
Un animal qui boit énormément, s’essouffle facilement…une affection
des reins ou autre maladie.
-
Un animal qui boîte s’est peut-être fait une entorse, une fracture
(mais avant de s’alarmer, il est bon de regarder s’il n’a pas un caillou,
une épine dans la patte, un gland entre les coussinets!)
Lorsque le
propriétaire a imaginé le pire, la tension retombe un peu chez le vétérinaire
avec lequel s’est nouée une relation de confiance.
Mais
les visites chez ce praticien enchantent rarement nos compagnons. Nous voulons
les soigner pour les voir guérir, mais ils n’ont aucune possibilité de
comprendre le sens d’interventions médicales parfois douloureuses.
Comment
un animal pourrait-il comprendre et apprécier que c’est pour son bien qu’on
lui fait subir des soins déplaisants ?
Ils
sont peu coopératifs pour certains, et on les comprend ! Ils
n’aiment pas qu’on les enferme, les attache, les muselle, les immobilise écrasés
sur une table, les pique ou leur enfonce instruments ou produits dans les
orifices naturels, etc…idem pour les êtres humains d’ailleurs, bien
qu’ils aient la capacité de s’expliquer ces nécessités !
Les
animaux eux, vivent toute cette sollicitude comme une atteinte à leur bien-être,
à leur intégrité physique.
Dès
leur plus jeune âge, quelques apprentissages appropriés peuvent les aider à
mieux vivre ces passages parfois obligés dans ce lieu aux odeurs fortes et non
familières.
On
peut commencer par :
-
Habituer tôt le jeune animal à être manipulé par différentes personnes,
doucement, debout, couché, avec des caresses... d’une voix enjouée
obtenir gentiment son calme et prendre garde à ne pas lui faire vivre négativement
tout contrôle régulier des yeux, oreilles, pattes…obtenir
progressivement sa docilité par terre pour ces soins, puis ensuite sur une
table, et gratifier la docilité d’une petite friandise.
-
Habituer
également de manière ludique, le chiot ou le chaton à entrer, occuper et
ressortir de sa boîte de transport, en y jouant avec lui par exemple. Ou
bien la laisser ouverte près de son lieu de couchage pour qu’il la découvre
par lui-même : cette boîte n’est ainsi plus associée d’avance à
un fatal mauvais traitement.
-
Familiariser très tôt le chiot à la muselière, en la banalisant et
gratifiant l’animal en mettant une gourmandise au fond. On peut s’y prendre
de même avec un adulte, en la lui faisant porter de courts instants, sans
raison ou en jouant avec lui, ou en banalisant l'expérience.
-
Le
transport en voiture doit être associé aux sorties agréables comme la
promenade par exemple, et pas juste réservé
aux visites chez le vétérinaire (c’est souvent le cas pour le chat qui
reconnaît déjà la boîte comme signe annonciateur de misères)
Grâce
à ces quelques apprentissages, les soins chez le vétérinaire seront déjà vécus
un peu moins durement. La détresse émotive ne naîtra pas d’avance dans la
boîte de transport...
monter sur la table d’examen, être manipulé, inspecté, porter sa muselière
(si elle est nécessaire)…tout cela ne sera pas forcément promesse de
tourments, mais gestes de bienveillance.
Lors de ces visites, un animal
perçoit très bien l’attention renforcée, l’inquiétude, les émotions négatives de
son propriétaire, et il est évident que
notre anxiété ne l’aide pas, bien au contraire.
Son bien être commande davantage une certaine neutralité de notre part. Inutile de vouloir le rassurer par exemple quand il tremble, ce qui aboutit à
l’effet inverse, c'est-à-dire le conforter dans le fait qu’il a raison d’être
effrayé !
Dans
ces circonstances ou d’autres, nous aidons l’animal qui a peur si nous
banalisons ce moment et s’il ne rencontre rien d’autre que notre calme.
Une fois le diagnostic établi, le
propriétaire suivra scrupuleusement les prescriptions
du vétérinaire. Les soins doivent être effectués sans excès, avec douceur
sans forcer l’attention que l’on porte à l’animal malade.
Plutôt qu’employer la manière forte pour administrer un médicament
ou réaliser un soin, veillez à aborder l’animal d’une voix incitatrice et
gaie.
Pas
non plus question de l’attirer à vous avec une friandise par exemple, pour le
capturer traîtreusement et lui faire ensuite subir vos manipulations. Vous
n’instaurez pas la confiance et risquez de retarder la guérison de votre
compagnon.
Au
contraire, prenez le temps de le faire venir vers vous gentiment, et vous aurez
plus de chance d’obtenir sa coopération, par la promesse de vos attentions et
caresses.
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Les
interactions basées sur la confiance ont toujours une fonction tranquillisante,
à l’inverse celles basées sur la tromperie sont toxiques et angoissantes.
Si
l’animal souffre, certains soins sont parfois douloureux. Comprenez
alors qu’il peut se retourner sur la main qui l’agresse, alors anticipez dans ce
cas, et prévoyez de vous protéger.
Par
contre, ne négligez jamais de caresser de la voix et de la main l’animal qui
a été patient et docile quand vous avez vérifié, par exemple, points de
sutures, écoulements ou infections possibles après une opération. Il a surmonté
sa peur en vous faisant confiance, les soins suivants en seront facilités.
Après avoir bien récupéré d’un acte chirurgical, certains animaux sont heureux
de pouvoir jouer et sauter de nouveau ! c’est à ses propriétaires de juguler ces
fougues pour éviter les complications (même chose pour un cardiaque !)
Et
s’il est capital que nos compagnons aient à la maison «une place à eux»
pour se reposer, quand ils sont malades ils ont encore davantage droit à la quiétude. Sans
forcément le changer de place, veillez plutôt à réduire bruit et agitation
autour de l’animal et faites respecter son repos, aux enfants en particulier.
Le plus souvent le traitement permet d’enrayer l’affection.
Malgré tous ces soins, il arrive parfois que la maladie ou la boiterie récidive. Qui
n’a pas connu une chienne à la «claudication diplomatique» ? Bien que
guéri, l’animal utilise ce "stratagème" pour attirer l’attention et ce
comportement lui apporte la sollicitude affectueuse obtenue lors des soins post-opératoires, ou pour se rendre pitoyable lorsqu’il est grondé.
D’autres
fois, ce sont les mêmes gastrites, diarrhées ou dermatoses qui reviennent. Chiens
et chats qui vivent avec les humains, se laissent imprégner telle une «éponge
affective»* par
leur environnement dont font partie les
propriétaires et leurs problèmes.
Émotionnellement
en première ligne, ils partagent leurs tracas, contrariétés et conflits. Ils
subissent leur anthropomorphisme, leur méconnaissance des spécificités de leur
espèce canine ou féline.
Le chien, animal social auquel une structuration des échanges doit être offerte pour
son confort relationnel, ne se voit pas souvent attribuer ce qui est pourtant
sûrement le premier besoin propre à son espèce. Sans vrais repères relationnels
stables, il est alors en proie à des tensions presque continuelles et des
émotions contradictoires.
Or
des émotions non gouvernées finissent toujours par provoquer des troubles métaboliques
**,
et pour peu que ces émotions soient durables, ces troubles métaboliques
finissent par provoquer des maladies organiques.
La
peau semble le récepteur le plus sensible à ces modifications bio émotionnelles.
Le tube digestif est lui aussi un excellent récepteur d’émotions…l’appareil
urinaire…le cœur
***
..Résultat, l’animal se gratte ou se lèche nerveusement, tousse, boîte,
aboie, miaule, demande la porte, tourne après sa queue, urine ou défèque dans
la maison…
Le
chat plus indépendant que le chien arrive à prendre plus de distance face aux
problèmes des humains, sauf s’il vit une relation symbiotique avec son
maître.
Tzarine,
chatte de la race «Sacré de Birmanie» vit seule avec Brigitte très angoissée,
qui la caresse ou la cajole de manière excessive. Tzarine se lèche certaines
parties du corps et de la queue et ces léchages stéréotypés vont jusqu'à
l’automutilation, laissant apparaître des plaques d'alopécie.
Malgré
plusieurs traitements dermatologiques ordonnés par le vétérinaire, elle
n’est pas guérie. Dès son retour du travail, plus Brigitte «chouchoute» et
inspecte le pelage de la chatte, et plus la Birmane se mutile.
Le toilettage a normalement chez le félin une fonction anxiolytique. Dans le cas
de tensions vécues par l’animal, ce toilettage outrancier devient une activité
de substitution pour se calmer. Les caresses excessives de Brigitte, ainsi que
les attentions et les contrôles anxieux du poil de la chatte, perpétuent son
comportement de léchage.
Nombre
d’affections sont donc les symptômes de dysfonctionnements de la relation
homme/animal ou de problèmes personnels de membres de la famille (instance de
divorce ou conflit momentané..)
Face à toute maladie de l’animal familier, son propriétaire devrait re-situer cette «plainte»
dans le système relationnel
et se poser les questions suivantes :
-
Qu’est-ce qui a changé dans l’environnement de l’animal ?
-
N’y
a t il pas actuellement un problème personnel ou familial qui me
fait réagir différemment face à lui ?
-
Quelle est mon attitude
envers mon animal ?
-
Ne
suis-je pas trop anxieux pour lui ?
-
Mon
attachement pour lui n’est-il pas excessif, est-ce que je ne le cajole pas
trop ?
-
Ne me suis-je pas appuyé sur l’entretien et le maintien de sa
dépendance qui
ne laisse pas devenir mon animal plus autonome et équilibré ?
-
Est-ce que je ne projette pas sur lui des désirs inconscients, des
fantasmes que l’animal ne peut ni réaliser ni assumer ? (Ceux-ci
influencent la manière d’être avec le chien ou le chat et interfèrent sur
les affects et la santé de ces derniers) B. CYRULNIK l’explique dans «le cas
Pupuce»****
et dans «le chien de remplacement»***
qui se réfugie dans la maladie parce que son
propriétaire le vit à travers son
premier chien décédé et idéalisé.